Aux matins frêles des lacs de neige,
Aux matins froids aux reflets grèges,
Aux soleils, frissons de l“hiver,
Je suis la louve solitaire.
J“allais sur mes terrains de guerre,
Ca
chée, chassant sur mes chemins.
Soudain, sur un socle de pierre,
Il m“est ap
paru un grand
chien
Et moi la louve, moi la
reine,
Et moi la
faim, et moi l“ins
tinct
JĀ“ai posé ma tête de
fauve
Dans la fourrure du grand
chien
...
Et le chien, au midi frileux,
A suivi ma piste et ma chasse
Et j“ai cru voir dedans ses yeux
Le reflet dĀ“un éclair qui passe.
Il faut croire quĀ“il était chien fou
Quand il me
suivit sur la neige.
NĀ“étant que
chien, il se crut loup
Et prit sa
patte dans
mon piège.
Mais moi la louve,
moi la reine
Et moi la
faim, et moi l“ins
tinct,
JĀ“ai ouvert le piège de
fer
Et
mordu sa cuisse de
chien
Mais
au nid, au doux cré
puscule
Entre
chien et loup,
au palais,
Couchés sur notre lit dĀ“é
pines,
Moi, la louve, jĀ“ai léché ses
plaies.
...
Aux matins frêles des lacs de neige,
Aux matins froids aux reflets grèges,
Aux soleils, frissons de l“hiver,
Je reste la louve solitaire,
Solitaire, solitaire, solitaire...