Te souviens-tu de
cette nuit,
De cette belle nuit d´
automne ?
Je t´avais fait, je
m´en souviens,
Une chanson de trois
fois rien.
Si les mots se sont en
volés
Par notre fenêtre entr´ou
verte,
La musique nous est
restée.
Les Cosanini sont partis.
Je crois qu´ils ne reviendront plus
Et
la rivière est asséchée
Là où nous allions nous baigner.
Dans
les allées du grand canal,
Les
arbres sont décapités.
Que je t´avais fait,
ce soir-là.
À l´heure où je n´
aurai plus rien.
Elle te sera comme un
soleil.
Dans ta cellule de béton gris
Où tu as grillagé tes jours,
J´imagine ta solitude
Et je connais ton désarroi.
Peut-être que, sur ton transistor,
Il t´arrive d´entendre ma voix.
C´est le seul moyen qu´il me reste
Pour que parvienne jusqu´à toi
Cette musique,
Ta musique,
Quelques notes,
Trois fois rien,
Pour toi, rien que pour toi.
Tu disais "ma musique"
Et ce soir, ta musique,
Si tu crois que tu n´as plus rien,
Tu vois qu´elle te reste encore.
C´est vrai que je t´avais promis,
Lorsque nous nous sommes quittés
Que, là où tu vivrais ta vie,
Ma musique t´accompagnerait.
Au long de ces tristes couloirs
Où tu marches ta vie chagrin,
Fidèle comme la mémoire,
Je sais qu´elle ira jusqu´à toi.
C´est ta musique,
Mon amour. Écoute :
Je chante ta musique,
Quelques notes,
Trois fois rien.
Pour toi, rien que pour toi
Et, dans ton hiver,
Et, dans ce désert,
Qu´elle brille comme un soleil.
C´est ta musique,
Mon amour, ta musique,
Trois fois rien,
Pour toi, rien que pour toi
Et, dans ton hiver,
Et, dans ce désert,
Qu´elle brille comme un soleil...