J´ai mis mon complet neuf, mes souliers qui me serrent
Et je suis prêt dé
jà depuis pas mal de temps
Ce soir est impor
tant, car c´est l´anniver
saire
Du jour où le bo
nheur t´avait vê
tue de
blanc
Mais je te sens ner
veuse, au bord de la colère
Alors je ne dis
rien, mieux vaut être prudent
Si je disais un
mot, ton fichu carac
tère
M´enverrais sur les
roses, et l´on
perdr
ait du te
mps
Il est huit heures un
quart, et
tu attends la
robe
Qu´on devait te li
vrer ce matin au plus
tard
Pour
comble tes che
veux
au peigne se dé
robent
Tout semble se li
guer po
ur qu´on so
it en reta
rd
Si tout va de ce
train, la soirée au théâtre
Et l´auteur à la
mode, on s´en fera un deuil
Adieu pièce d´A
nouilh, d´Anouilh, ou bien de
Sartre
Je ne sais plus très
bien, mais j´ai
deux
bons fau
teuils
Ta robe est arri
vée, enfin, et tu respires
Moi pour gagner du
temps je t´aide de mon mieux
Tout semble s´arran
ger mais soudain c´est le
pire
La fermeture s´ar
rête et coince
au beau mi
lieu
On s´énerve tous
deux, on pousse et puis l´on tire
On s´y mêle les
doigts, on y met tant d´ardeur
Que dans un bruit af
freux, le tissu se dé
chire
Et je vois tes es
poirs se trans
forme
r en pl
eurs
Aux environs d´onze
heures, en
fin te voilà
prête
Mais le temps d´arri
ver le théâtre est fer
mé, v
iens
Allez
viens, nous irons sou
per t
ous deux en tête à t
ête
Non, tu as le coeur
gros, tu
préf
ères rentrer
Par les rues lente
ment, nous marchons en silence
Tu souris, je t´em
brasse, et tu souris encore
La soirée est gâ
chée, mais on a de la
chance
Puisque nous nous ai
mons, l´amour
est l
e plus f
ort