A
mi, prends ma lanterne, car j´ai perdu ma flamme!
Mon a
mour est parti; elle a jeté mon âme
A bouf
fer au néant, me laissant le coeur vide,
Elle a
fait des fertiles, des averses, l´aride
Et l´horreur du monde n´est rien en comparaison,
A ce que l´amour fait à ceux qui, dans l´union,
Pensent oublier un peu qu´on est triste ici bas,
Et qu´ici solitude est le dernier repas
Elle avait les yeux noirs, desquels on voit du bleu,
Qu´on prend pour l´océan, dans lesquels on voit Dieu
Qui font toucher, du bout des doigts, les horizons,
Et toujours à la fin, on est seul au milieu
Des vagues de sanglots et du sel dans la gorge,
Et du sel sur la plaie de ce coeur tatoué
A son nom que l´on crie au fond des verres de vin,
A se dire que la vie, oui, n´était qu´une putain
Ami, regarde-moi! J´ai le coeur qui renverse
La mémoire de ses yeux qui me colle à la peau
Et dans les bars du port, je cherche, magie noire,
Pour délivrer mon corps du sort qu´on m´a jeté
Et le sourire des filles, non, ne me fait plus rien,
Et je commence à croire que les hommes qui ont pris
D´autres hommes pour amour ont réglé la question,
Après tout, dis-moi qu´est-ce qu´elles ont de plus que nous?
Si ce n´est cette force, qui fait qu´elles vous oublient,
Cette horreur au fond d´elles, oui, ce monstre qui crie
Quand elles vous font l´amour, tu sais qu´elles n´oublient pas,
Qu´il n´y a qu´à la nature qu´elles ne tiennent paroles
A tous ceux dans leurs bras, qui sont fait prisonniers,
J´ai l´âme solidaire et puis ma sympathie
A ces fous qui, comme moi, finiront pas la nuit,
Je vous le dis, putains, putains, vous m´aurez plus
Que je meurs à l´instant, si l´envie me reprend,
De remettre ma tête dans la gueule du serpent
De me laisser encore crucifier le coeur,
Pour un joli sourire au parfum de leurs fleurs
Marguerites ou tulipes et de roses à lilas,
Tu sais, l´ami, pour moi, elles ont toutes ici-bas,
Quand elles vous montrent ciel, qu´elles vous disent
Qu´elles vous aiment, elles ont toutes pour moi l´odeur des chrysanthèmes
Adieu les gentilles, adieu les j´en pleure,
Adieu les maudites, qui ont pris ma lueur
Qui ont jeté dans le noir mes yeux et puis les tiens
Contre les chants du signe et les beautés; qu´elles crèvent toutes!
J´en peux plus de ces jeux qui nous tuent,
J´en ai marre de ce coeur, mon Dieu, qui ne bat plus
Et qui toujours s´incline aux pieds de fausses blondes,
Qui nous mènent à la cime, qui nous traîne à la tombe
Eh eh
eh e
h eh
eh eh eh (Ad libitum)