Camion bâché
Comme un ballon lâché
D´illusions, d´espoirs
Sangles attachées
Ne plus rien vouloir
Ne plus rien dire
Rouler dans le noir
Sur les bas-côtés
Du désespoir
S´en va ce soir
Pour ne plus revenir
De skaï noir
Un enfant respire
Une fille aux yeux clairs
Aux membres fragiles
Dort dans un linge
Dans un lange
Et dans le bruit des essieux
Le vacarme d´enfer
Que savez-vous de lui
De ce qu´il laisse encore
De tristes décors
Quand le monde a la peste
Ce qui lui reste
Dans une couverture
Sur la banquette dure
Le seul paysage
Debout comme un mirage
Qui dort dans son lange
Et dans le bruit des essieux
Le vacarme d´enfer
Si le monde a la peste
Camion dans la nuit
Camion blindé
Depuis tant d´années
Tant de coups bas
Sans lumières et sans mât
Lampes arrachées
Camion s´en va
D´une époque à vomir
L´histoire dira
Ce qu´il faut retenir
Sur un tronc d´acacias
Hurlement de pneus
Vitre en éclats
Camion broyé
Et sur son cahier
Trois lignes encore
Trois mots rayés
Les trois mots d´un noyé
Dont on repêche le corps
Par une nuit sans lune
Une main passée
Dans les boucles brunes
Sur le front de l´ange
Dans son lange
Tombé des cieux
Et dans le bruit des essieux
Le hurlement d´enfer
Du camion de fer
Camion dans la nuit
Camion brisé
Vitres irisées
Jonchant le sol
Dans un creux chemin
Ecrasant la main
Dont l´âme s´envole
Qui respire encore
Comme ensorcelé
Caressant le corps
Et la nuque grise
D´adulte broyé
Où les os se brisent
Dans le camion bâché
Eclaté devant
Pour aller sécher
Le front de l´enfant
Dans le camion bâché
Eclaté devant
Pour aller sécher
Le front de l´enfant
Camion sanctifié
De terre soulevé
Droit vers les cieux
Le reste effacé
L´arbre enfoncé
En son milieu
L´habitacle ouvert
Sur le tapis vert
De mousse indolore
L´ange aux cheveux clairs
Regarde son père
Conduire encore
Camion dans la nuit