Fut-il amoure
ux? Fut-e
lle fidèl
e?
On n
e sait rien d´el
le, on ne
sait rien d´eux
Mademo
iselle Émilie
vivait seule
en sa maison
Avait é
té très jolie en
de lointai
nes saisons
Les photo
s qui reste d´ell
e sont passés
par les c
iseaux
Elle tena
it une ombrel
le et c´éta
it sur un bateau
Elle r
ecevait peut-être
à tous les
deux ou trois mois
Un coli
s ou une let
tre qui l´éton
nait chaque fois
Elle qui n´éc
rivait jamai
s.
Dure et frêle silhouette qui traversait les hivers
En chapeau gris à voilette et en manteau de drap vert
Pour parler de politesse elle disait: Décorum
Ne manquait jamais la messe elle touchait l´harmonium
Mais manquait-elle à l´église quelqu´un allait s´informer
À la vieille maison grise aux volets toujours fermés
Elle qui ne manquait jamais.
Par un dimanche en automne l´harmonium reste muet
On se retourne on s´étonne, on chuchote en est distrait
Sitôt la messe finie, on fut devant sa maison
Mademoiselle Émilie est assise en son salon
Vêtue comme un jour de fête, chapeau voilette et renard
Sa valise toute faite comme on attend un départ
Elle qui ne sortait jamais.
Sa cousine Véronique hérita de son piano
Et des cahiers de musique avec l´album de photos
À Manon la robe blanche, à Mathilde le trousseau
C´est assez de quatre planches pour retrouver le berceau
Et prière de remettre à sa soeur qui reste loin
Un petit coffret de lettres cachetées avec grand soin
Elle qui n´écrivait jamais.
Quelque dimanche après Pâques avec les derniers bateaux
On le sait d´après Jean-Jacques qui sait tout c´est un bedeau
Est passé au cimitière un grand homme assez âgé
«On croyait par ses manières que c´était un étranger»
Il a déposé des roses en silence comme on prie
Sur la tombe où se repose Mademoiselle Émilie
Personne ne saura jamais.