(Mesures à 3 temps)
(Sifflé et parlé:)
J´ai vu, dans son vol blanc et majestueux,
une mouette arriver du grand large ;
elle s´est posée sur l´eau près de la plage,
à côté des rochers. Un peu après, en vain,
elle a essayé de repartir en s´agitant désespérément.
Alors, je suis allé la ramasser ; ses plumes étaient noires,
toutes collées par le mazout.
Parfois, le vent lé
ger faisait bouger son
aile.
Je la tenais ser
rée, serrée tout contre
moi,
Tâchant de rete
nir la vie qui partait
d´elle,
D´alléger sa souf
france et calmer son ef
froi.
J´ai versé, je l´a
voue, dans la mer une
larme.
Mais qu´est-ce, dans les
flots, que le bleu d´un san
glot,
Quand gluante est l´é
cume et quand noires sont les
lames,
Couvertes du pé
trole des soutes d´un car
go ?
Oh ! Pauvre
mouette, toi
qui croyais
Près de la
terre te
reposer !
Il parait qu´autre
fois tous les grands capi
taines
S´en allaient droit au
vent au fond de l´océ
an
Mais sont-ils des ma
rins tous ceux-là qui s´en
viennent
Pour faire mourir la
mer et ce qui est de
dans ?
De ses yeux éton
nés de souffrir, mais sans
haine,
L´oiseau me regar
dait et ne comprenait
pas.
Moi, je tournais la
tête, et de honte, et de
peine,
En sentant, dans mes
mains, son cœur devenir
froid.
Parfois, le vent lé
ger faisait bouger son
aile.
Je la tenais ser
rée, serrée tout contre
moi,
Tâchant de rete
nir la vie qui partait
d´elle,
Et sentant, dans mes
mains, son cœur
(Tacet) devenir froid.