Ne crâne donc pas tant Paname
Je n´voudrais
pas te faire de peine
Mais on peut voir couler la
Seine
Ailleurs qu´au pied de Notre-
Dame
De Châtillon à l´estuaire
Elle baigne bien d´autres
lieux
Grâce en soit rendue au Bon Dieu
Y a pas que Paris sur la
terre
Paname, si tu te crois belle
C´est que tu n´t´es pas regar
dée
Du côté du quai de Gre
nelle
Paris le soir, Paris la nuit
Tu bois, tu gambilles, tu t´empiffres
Et tu noies dans le son des fifres
Ta solitude et ton ennui
Paris, tu vas paumer ta ligne
A force de mordre au gâteau
Tu prends du ventre à Rambuteau
T´es moins jeune et tu te résignes
Paname, tu te crois mariolle
Mais tu ne t´es pas regardée
Sur le vieux pont des Batignolles
Y a longtemps qu´on n´va plus danser
Tu trouves la misère importune
Mais tu portes tes beaux quartiers
Comme leurs bagues et leurs colliers
Les vieilles cocottes sans fortune
Mais, à trois pas de tes hauts marbres
En face du quai de Passy
Y a des mômes de par ici
Qui n´ont jamais grimpé aux arbres
Va rhabiller tes faux poètes
Paname, t´as perdu la main
T´es plus bonne qu´aux Américains
Qui viennent se soûler à tes
fêtes
Troupeau de toits, fleuve tranquille
Ciel g
énéreux, pavés têtus
Grande gueule et petit
e vertu
Paname, t´es quand même
ma ville
Y a des revers à tes médailles
Des rimes pauvres à tes po
èmes
Pour cent palais, pour cent ripailles
Combien de taudis de ca
rêmes?
Et, pourtant, je n´ai pas l´envie
De traîner ailleurs mes sou
liers
C´est là qu´j´ai commencé ma
vie
C´est là que je la fini
rai