Sauf des mouchards et des gendarmes,
On ne voit plus par les chemins,
Que des vieillards tristes en
larmes,
Des veuves
et des orpheli
ns.
Les heureux même sont tremblants,
La mode est
au conseil de
guerre,
Et les pa
vés sont tout san
glants.
Ça branle dans le
manche,
Les mauvais
jours finir
ont,
Quand tous les p
auvres s´y met
tront ! (bis)
Les journaux de l´ex-préfecture,
Les flibustiers, les gens tarés,
Les parvenus par aventure,
Les complaisants, les décorés,
Gens de bourse et de coin de rues,
Amants de filles aux rebuts,
Grouillent comme un tas de verrues,
Sur les cadavres des vaincus.
On traque, on enchaîne, on fusille
Tout ce qu´on ramasse au hasard :
La mère à côté de sa fille,
L´enfant dans les bras du vieillard.
Les châtiments du drapeau rouge
Sont remplacés par la terreur
De tous les chenapans de bouge,
Valets de rois et d´empereurs.
Nous voilà rendus aux jésuites,
Aux Mac-Mahon, aux Dupanloup,
II va pleuvoir des eaux bénites,
Les troncs vont faire un argent fou.
Dès demain, en réjouissance
Et Saint-Eustache et l´Opéra
Vont se refaire concurrence,
Et le bagne se peuplera.
Demain, les Manons, les Lorettes
Et les dames des beaux faubourgs
Porteront sur leurs collerettes
Des chassepots et des tambours.
On mettra tout au tricolore,
Les plats du jour et les rubans,
Pendant que le héros Pandore
Fera fusiller nos enfants.
Demain, les gens de la police
Refleuriront sur le trottoir,
Fiers de leurs états de service,
Et le pistolet en sautoir.
Sans pain, sans travail et sans armes,
Nous allons être gouvernés
Par des mouchards et des gendarmes,
Des sabre-peuple et des curés.
Le peuple au collier de misère
Sera-t-il donc toujours rivé ?...
Jusques à quand les gens de guerre
Tiendront-ils le haut du pavé ?
Jusques à quand la sainte clique
Nous croira-t-elle un vil bétail ?...
A quand enfin, la République
De la justice et du travail ?