Image de Rainer-Maria Rilke (Deutsche Grammophon Année?)
Note : Dans ce poème en prose de Rainer-Maria Rilke (extrait),
Rilke relate un épisode de la vie d´un de ses ancêtres,
Christoph Rilke, jeune noble parti en guerre en 1663.
Lue par Serge Reggiani sur la musique de Johann Pachelbel,
Canon en D majeur.
Chevaucher chevaucher, chevaucher, le jour, la nuit, le jour.
Chevaucher, chevaucher, chevaucher.
Et le coeur est si las, et la nostalgie si grande.
Il n´y a plus de montagnes, à peine un arbre.
Rien n´ose se lever.
Des cabanes étrangères accroupies
auprès de puits fangeux, ont soif.
Pas une tour à l´horizon .
Et toujours la même image.
On a deux yeux de trop.
La nuit parfois, on croit connaître la route.
Peut-être refaisons-nous nuitamment
l´étape que nous avons péniblement
parcouru sous un soleil étranger?
C´est possible.
Le soleil pèse, comme chez nous au coeur de l´été.
Mais c´est en été que nous avons fait nos adieux.
Les robes des femmes ont longtemps brillé dans la verdure.
Voilà longtemps que nous sommes à cheval.
C´est donc sans doute l´automne.
Là, tout au moins où des femmes tristes nous connaissent.