Ma mère toute en robe blanche, si vous saviez Posa son panier sous les branches, si vous saviez C’était un doux soleil couchant Les ouvriers quittaient le champ Elle pressait doucement ses hanches, sous l’olivier
Une racine sous la tête, si vous saviez Un lit de feuilles pour couchette, si vous saviez Quand j’ai poussé mon premier cri Ma mère a dit voici le fruit le plus bruyant de ma cueillette Bel olivier
Je fus un enfant arbricole, si vous saviez L’olivier pour préau d’école, si vous saviez Sa sève coulait sous mon front quand je m’endormais sur son tronc Jamais il me mettait de colle Mon olivier
Un matin dans un bruit féroce, si vous saviez La guerre a lancé ses molosses, si vous saviez
Et dans le déluge de flammes On entendit hurler des âmes prises entre le torse et l’écorce Des oliviers
Au milieu des arbres en cendre, si vous saviez Un seul a continué de tendre, si vous saviez Ses branches tordues vers le ciel Lorsque à son pied, saignant des ailes, un oiseau est venu s’étendre Sous l’olivier
Tout doucement, l’autre après l’une, si vous saviez D’huile j’ai recouvert ses plumes, si vous saviez L’a revolé et moi avec C’est bizarre, il avait le bec, les yeux perçants et la queue brune
D’un épervier
Eh bien, s’en était un, pardi, si vous saviez On venait de tout le pays, si vous saviez Le voir défendre chaque olive Des ongles, des rats et des grives lançant des hourras ébahis À l’épervier
Par un petit froid de janvier, si vous saviez Ombre sous l’ombre on l’a trouvé, si vous saviez Il dort sous un cœur en gravier Sur un nuage on a gravé, ici repose l’épervier De l’olivier