J’étais peinard à mon piano
C’est vrai qu’ce soir-là dans l’bar
Personne n’écoutait mon solo
Je jouais Ravel et Mozart
Et puis miracle le même soir

Je la vois d’vant mon piano
Au bras d’un drôle de malabar
Qui n’avait rien d’un rigolo

Elle avait du bleu dans l’regard
J’ai juste eu l’temps d’y plonger
Et v’là qu’il fait soleil dans l’bar
J’m’écrase la tête dans l’cendrier
Ça n’a pas plu au malabar
Que ma musique faisait bailler
Elle l’a suivi dans le brouillard
Sans oser se retourner

Il jouait le pianola, pianola, pianola
Moi j’étais plus vraiment là
Je m’étais mis à rêver
Et je m’étais accoudé
Pour regarder sa beauté

Et l’piano jouait sans moi
Sans mes pieds et sans mes doigts
Mais fort heureusement pour moi
Personne ne l’avait r’marqué
Car le bar s’était vidé
Dis j’aurais eu l’air de quoi ?

Le temps passa j’rêvais ma vie
Toujours en belle compagnie
Chopin, Schubert et Debussy
Et quelques touches de Sati
Un soir comme elle l’avait promis
Dans son regard alangui
Je la retrouvai devant moi
Mais toute seule cette fois

Et j’ai laissé mon piano là
La belle ne comprenait pas

Et le piano jouait sans moi
Et moi j’avais l’air de quoi ?

Il jouait le pianola, pianola, pianola
Moi j’étais plus vraiment là
Je m’étais mis à rêver
Et je m’étais accoudé
Pour regarder sa beauté

Je lui ai tendu les bras
Mais au lieu d’courir vers moi
V’là qu’elle se met à chialer
Et je la vois s’éloigner
Dans sa belle robe lilas

J’suis sorti dans le brouillard
J’ l’ai retrouvée sur le trottoir
Viens on s’enfuit quelque part

Viens il n’est jamais trop tard
Je la ramenai dans l’bar

Et sous les hip hip hourrah
Je l’ai prise dans mes bras
La vie c’est du pianola
Dites-moi oui dites-moi
Qui joue et qui ne joue pas
Pianola, pianola.