Dans l´anonymat de mes vitres fumées Dans ma berline En roulant au pas je peux les observer Sans qu´ils devinent Qui peut se planquer là
Qui s´en vient les narguer Dans leur routine Ce n´est jamais que moi Qui reviens me chercher A mes racines Ce n´est jamais que moi Qui reviens me chercher A mes racines
Ils sont tous là sur le pas de leur porte Mes gens d´avant Toujours un rêve en retard Mais qu´importe Ils ont le temps Et pour une prière restée lettre morte A Saint-Argent Leurs plus beaux souvenirs Fidèlement les escortent
A chaque instant
Ils se parlent de tout Des senteurs de l´été Des fleurs de leur pommier Des choses les plus simples Et moi je les envie Moi qui ai tout oublié Moi qui me suis perdu Dans l´ennui de l´Olympe
Le geste est large Et le rire superbe Quand il vole en éclat Ravivant les palabres Le soleil dans l´accent L´ironie dans le verbe Ils sont encore à Naples
En Sicile, en Calabre
Assises dignement Les femmes cousent Elles soupirent en choeur Au ciel levant les yeux Quand leurs maris, tout bas Pour les rendre jalouses S´inventent des exploits A coup sûr amoureux
Dans l´anonymat de mes vitres fumées Je me souviens Et je le revois illustrant ses idées Avec les mains Mon père, pardonne moi Je ne t´écoutais pas J´étais si loin, loin, loin
Tu me disais déjà Que vivre avec les rois Ne sert à rien, rien, rien
Toujours au ralenti Je poursuis ma promenade Un ballon rebondit Sur ma vitre et s´envole Je me retrouve enfant Sur la même esplanade Je rêvais de Pelé Autre temps, autres idoles
Mais à part ce détail Les gosses n´ont pas changé Si ce n´est dans le regard Cette vraie insouciance Qui nous a tant manqué
Nous étions étrangers Eux sont enfin chez eux Avec leur différence
Au bord de la rivière J´allais souvent rêver Elle n´est plus qu´un pipe-line Qui coule nulle part Un peu comme ma vie Balisée, programmée Je ferais mieux de rentrer Il se fait déjà tard Très tard Très tard