Autrefois, j´avais d´la fortune Et, pour un amour insensé Et les caprices de ma brune, J´ai fini par tout dépenser
Et quand je fus ruiné pour elle, Que je n´eus plus le moindre sou, Un jour, je vis partir ma belle Et ce jour-là, je devins fou.
Et, depuis, au square Montholon Pour vivre je vends des ballons. Qui veut des ballons ? Voilà les ballons !
Qu´est-ce donc qui s´envole Sous la voûte du ciel ? Est-ce toi, mon idole, Qui va chez l´Eternel ? Ainsi qu´un papillon, Vole, vole, Ninon. Mais je suis fou ! J´perds la boussole !
C´est un d´mes ballons qui s´envole.
Bon Dieu, que le diable l´emporte ! Et quand je pense à mon amour, Je voudrais que Ninon fût morte Afin d´en finir à mon tour. Et si la belle a rendu l´âme Hélas loin de son fol amant C´est un ange en un corps de femme Elle est au ciel assurément.
Et, depuis, au square Montholon Pour vivre je vends des ballons. Voilà les ballons ! Qui veut des ballons ?
Sous mes pieds, le sol bouge Voilà la tour Eiffel,
Ce sont mes ballons rouges Qui m´emportent au ciel. Adieu, heureux mortels ! Je vais chez l´Eternel, Là-haut revoir mon idole ; Avec mes ballons, je m´envole.