C’est pas parc’que ma pauvre vie Est triste, sordide et solitaire Sinistre, lamentable d’ennui Qu’elle va s‘passer de commentaires !
J’sais plus quoi faire, je n’comprends plus J’ai beau rester pendant des jours Toute seule dans l’froid et dans la rue Tout c’que j’provoque… c’est des détours Je suis en bois, mais pas de marbre Et j’me laisse prendre, je suis trop bonne C’est grâce à moi qu’on grimpe à l’arbre Mais c’est sans moi qu’on croque la pomme ! Et j’aide l’amour depuis des siècles Mais personne ne retient mon nom De Roméo, moi ou Juliette J’suis même moins connue que l’balcon !
On me grimpe dessus Sans pourtant m’trouver belle C’est le drame méconnu De la vie d’une échelle !
Paraît en plus que j’porte malheur Personne dessous, tout l’monde dessus On baliverne sur mon honneur J’ai moins d’vertu qu’une fille perdue Et j’me surprends certains matins A vouloir être, quelle déchéance Fer à ch’val ou patte de lapin Mais n’import’quoi qui port’rait chance Tiens bon l’pinceau j’enlève l’échelle C’est fou c’que les hommes sont ingrats Je vis la honte perpétuelle Même les râteaux se foutent de moi !
On me grimpe dessus Sans pourtant m’trouver belle C’est le drame méconnu De la vie d’une échelle !
Vous en trouv’rez, tiens, des frangines Solides et qui posent pas d’questions Mais fidèles comme une vieille copine Mon créneau, c’est la dépression Mais là y´a pas, j’ai du succès J’carbure à fond chez les tordus C’est triste à dire, mon seul ticket C’est l’aller simple du pendu Alors, frustrée comme un vieux moine Je déblatère soir et matin Sur l’honneur des peaux de bananes Faut bien se venger sur quelqu’un !
Car toujours…
On me grimp’ra dessus Sans pourtant m’trouver belle C’est un drame méconnu