Titre : Ceux qui n’ont inventé ni la poudre ni la boussole
Ceux qui n’ont inventé ni la poudre ni la boussole Ceux qui n’ont jamais su dompter la vapeur ni l’électricité Ceux qui n’ont exploré ni les mers ni le ciel
Mais ils savent en ses moindres recoins le pays de souffrance Ceux qui n’ont connu de voyages que de déracinements Ceux qui se sont assouplis aux agenouillements Ceux qu’on domestiqua et christianisa Ceux qu’on inocula d’abâtardissement Tam-tams de mains vides Tam-tams inanes de plaies sonores Tam-tams burlesques de trahison tabide
Tiède petit matin de chaleurs et de peurs ancestrales
Par-dessus bord mes richesses pérégrines Par-dessus bord mes faussetés authentiques
Mais quel étrange orgueil tout soudain m’illumine ?
vienne le colibri vienne l’épervier vienne le bris de l’horizon vienne le cynocéphale vienne le lotus porteur du monde vienne de dauphins une insurrection perlière brisant la coquille de la mer vienne un plongeon d’îles vienne la disparition des jours de chair morte dans la chaux vive des rapaces viennent les ovaires de l’eau où le futur agite sa petite tête viennent les loups qui pâturent dans les orifices sauvages du corps à l’heure où à l’auberge écliptique se rencontrent ma lune et ton soleil il y a les souris qui à les ouïr s’agitent dans le vagin de ma voisine
il y a sous la réserve de ma luette une bauge de sangliers il y a mon sexe qui est un poisson en fermentation vers des berges à pollen il y a tes yeux qui sont sous la pierre grise du jour un conglomérat frémissant de coccinelles il y a dans le regard du désordre cette hirondelle de menthe et de genêt qui fond pour toujours renaître dans le raz de marée de ta lumière Calme et berce ô ma parole l’enfant qui ne sait pas que la carte du printemps est toujours à refaire les herbes balanceront pour le bétail vaisseau doux de l’espoir le long geste d’alcool de la houle les étoiles du chaton de leur bague jamais vue couperont les tuyaux de l’orgue de verre du soir
puis répandront sur l’extrémité riche de ma fatigue des zinnias des coryanthes et toi veuille astre de ton lumineux fondement tirer lémurien du sperme insondable de l’homme la forme non osée que le ventre tremblant de la femme porte tel un minerai
ô lumière amicale ô fraîche source de la lumière ceux qui n’ont inventé ni la poudre ni la boussole ceux qui n’ont jamais su dompter la vapeur ni l’électricité ceux qui n’ont exploré ni les mers ni le ciel mais ceux sans qui la terre ne serait pas la terre
gibbosité d’autant plus bienfaisante que la terre déserte davantage la terre silo où se préserve et se mûrit ce que la terre a de plus terre ma négritude n’est pas une pierre, sa surdité ruée contre la clameur du jour ma négritude n’est pas une taie d’eau morte sur l’œil mort de la terre ma négritude n’est ni une tour ni une cathédrale
elle plonge dans la chair rouge du sol elle plonge dans la chair ardente du ciel elle troue l’accablement opaque de sa droite patience.
Eia pour le Kaïlcédrat royal !
Eia pour ceux qui n’ont jamais rien inventé pour ceux qui n’ont jamais rien exploré pour ceux qui n’ont jamais rien dompté
mais ils s’abandonnent, saisis, à l’essence de toute chose ignorants des surfaces mais saisis par le mouvement de toute chose insoucieux de dompter, mais jouant le jeu du monde véritablement les fils aînés du monde poreux à tous les souffles du monde aire fraternelle de tous les souffles du monde lit sans drain de toutes les eaux du monde étincelle du feu sacré du monde chair de la chair du monde palpitant du mouvement même du monde ! Tiède petit matin de vertus ancestrales
Sang ! Sang ! tout notre sang ému par le cœur mâle du soleil ceux qui savent la féminité de la lune au corps d’huile l’exaltation réconciliée de l’antilope et de l’étoile ceux dont la survie chemine en la germination de l’herbe ! Eia parfait cercle du monde et close concordance !
Écoutez le monde blanc horriblement las de son effort immense ses articulations rebelles craquer sous les étoiles dures ses raideurs d’acier bleu transperçant la chair mystique
écoute ses victoires proditoires trompeter ses défaites écoute aux alibis grandioses son piètre trébuchement Pitié pour nos vainqueurs omniscients et naïfs !
Ceux qui n’ont inventé ni la poudre ni la boussole ceux qui n’ont jamais su dompter la vapeur ni l’électricité ceux qui n’ont exploré ni les mers ni le ciel mais ceux sans qui la terre ne serait pas la terre [...]
ma négritude n’est pas une taie d’eau morte sur l’oeil mort de la terre ma négritude n’est ni une tour ni une cathédrale
elle plonge dans la chair rouge du sol elle plonge dans la chair ardente du ciel elle troue l’accablement opaque de sa droite patience.
Eïa pour le Kaïlcédrat royal ! Eïa pour ceux qui n’ont jamais rien inventé pour ceux qui n’ont jamais rien exploré pour ceux qui n’ont jamais rien dompté
mais ils s’abandonnent, saisis, à l’essence de toute chose ignorants des surfaces mais saisis par le mouvement de toute chose insoucieux de dompter, mais jouant le jeu du monde
véritablement les fils aînés du monde poreux à tous les souffles du monde aire fraternelle de tous les souffles du monde lit sans drain de toutes les eaux du monde étincelle du feu sacré du monde chair de la chair du monde palpitant du mouvement même du monde !
Tiède petit matin de vertus ancestrales
Sang ! Sang ! tout notre sang ému par le coeur mâle du soleil ceux qui savent la féminité de la lune au corps d’huile l’exaltation réconciliée de l’antilope et de l’étoile ceux dont la survie chemine en la germination de l’herbe !
Eïa parfait cercle du monde et close concordance !
Écoutez le monde blanc horriblement las de son effort immense ses articulations rebelles craquer sous les étoiles dures ses raideurs d’acier bleu transperçant la chair mystique écoute ses victoires proditoires trompéter ses défaites écoute aux alibis grandioses son piètre trébuchement
Pitié pour nos vainqueurs omniscients et naïfs !
Eia pour ceux qui n’ont jamais rien inventé pour ceux qui n’ont jamais rien exploré pour ceux qui n’ont jamais rien dompté
Eia pour la joie Eia pour l’amour Eia pour la douleur aux pis de larmes réincarnées
Et voici au bout de ce petit matin ma prière virile que je n’entende ni les rires ni les cris, les yeux fixés sur cette ville que je prophétise, belle
donnez-moi la foi sauvage du sorcier doneez à mes mains puissance de modeler donnez à mon âme la trempe de l’épée je ne me dérobe point. Faites de ma tête une tête de proue et de moi-même, mon cœur, ne faites ni un père, ni un frère, ni un fils, mais le père, mais le frère, mais le fils, ni un mari, mais l’amant de cet unique peuple.
Faites-moi rebelle à toute vanité, mais docile à son génie comme le poing à l’allongée du bras ! Faites-moi commissaire de son sang faites-moi dépositaire de son ressentiment faites de moi un homme de terminaison faites de moi un homme d’initiation faites de moi un homme de recueillement mais faites aussi de moi un homme d’ensemencement
faites de moi l’exécuteur de ces œuvres hautes
voici le temps de se ceindre les reins comme un vaillant homme
Mais les faisant, mon cœur, préservez-moi de toute haine ne faites point de moi cet homme de haine pour qui je n’ai que haine car pour me cantonner en cette unique race vous savez pourtant mon amour tyrannique vous savez que ce n’est point par haine des autres races que je m’exige bêcheur de cette unique race que ce que je veux c’est pour la faim univeselle pour la soif universelle la sommer libre enfin
de produire de son intimité close la succulence des fruits.
Et voyez l’arbre de nos mains ! il tourne pour tous, les blessures incises en son tronc pour tous le sol travaille et griserie vers les branches de précipitation parfumée