Hélé helélé le Roi est un grand roi que sa majesté daigne regarder dans mon anus pour voir s’il contient des diamants que sa majesté daigne explorer ma bouche pour voir combien elle contient de carats
tam-tam ris tam-tam ris je porte la litièr du roi j’étends le tapis du roi je suis le tapis du roi je porte les écrouelles du roi je suis le parasol du roi riez riez tam-tams des kraals tam-tams des mines qui riez sous cape tam-tams sacrés qui riez à la barbe des missionnaires de vos dents de rat et d’hyène tam-tams de la forêt tam-tams du désert tam-tam pleure tam-tam pleure brûlé jusqu’au fougueux silence de nos pleurs sans rivage et roulez
roulez bas rien qu’un temps de bille le pur temps de charbon de nos longues affres majeures roulez roulez lourds délires sans vocable lions roux sans crinière tam-tams qui protégez mes trois âmes mon cerveau mon coeur mon foie tam-tams durs qui très haut maintenez ma demeure de vent d’étoiles sur le roc foudroyé de ma tête noire et toi tam-tam frère pour qui il m’arrive de garder tout le long du jour un mot tour à tour chaud et frais dans ma bouche comme le goût peu connu de la vengeance tam-tam de Kalaari tam-tam de Bonne Espérance qui coiffez le cap de vos menaces O tam-tam de Chaka
tam, tam, tam tam, tam, tam Roi nos montagnes sont des cavales en rut saisies en pleine convulsion de mauvais sang Roi nos plaines sont des rivières qu’impatientent les fournitures de pourritures montées de la mer et de vos caravelles Roi nos pierres sont des lampes ardentes d’une espérance veuve de dragon Roi des arbres sous la forme déployée que prend une flamme trop grosse pour notre coeur trop faible pour un donjon Riez riez donc tam-tams de Cafrerie comme le beau point d’interrogation du scorpion dessiné au pollen sur le tableau du ciel et de nos cervelles à minuit comme un frisson de reptile marin charmé par la pensée du mauvais temps
du petit rire renversé de la mer dans les hublots très beaux du naufrage.