Sitôt que le printemps Apparaît sous les cieux Dans les cerveaux il germe des folies ; Par un charme puissant, Doux et mystérieux
Ces messieurs jeun´s ou vieux, Trouvent toutes les femmes jolies. Et sur les av´nu´s et sur les boul´vards On entend ces mots, Répétés de tout´s parts :
Refrain : Le printemps chante dans les buissons ; Saison charmante des floraisons ! Arborons la fleur élégante, Sur nos habits, sur nos vestons. Julie femme de l´oeil... de la dent Un pied exquis... l´autre aussi... La plus laide paraît charmante Le printemps chante !
Dans les bois de Boulogne Endormi plus ou moins,
L´amour, comme partout, livrant bataille, Des couples enlacés Que le mair´ n´as pas joints Dans les coins, sans témoins, S´en vont en se tenant par la taille : Et les amoureux au coeur chaleureux Roucoulent ces mots Sous les bosquets ombreux :
Refrain : Le printemps chante dans les buissons. Allons, méchante, point de façons ; Cède à l´amour qui nous enchante De ses doux et premiers frissons ! A toi mon coeur ! Veux-tu ma vie... ma fortune ? Veux-tu ma montre ? Allons ne fais pas la méchante !
Le printemps chante !
Parmi les près, les bois, Par le mont et le val, Deux bons gendarmes vont, l´allur´ martiale, Endormis à moitié mais d´un pas bien égal A cheval, tant bien qu´ mal. Tâcher d´fair´ respecter la moral´ Le bruit d´un baiser les réveill´ parfois L´brigadier soupire et murmure à mi- voix :
Refrain : Le printemps chante dans les buissons L´âme clémente, sans bruit passons. L´amour est une chose charmante ! Brigadier, vous avez raison ! Fermons parfois les yeux sur la chose illicite D´autant mieux que l´auberge est là qui nous invite,
J´dirai deux mots à la servante, Le printemps chante.
Alors que les amants volent au rendez-vous, Deux vieux en qui la vie mit sa sagesse, Devant leur porte assis, Comme de bons époux D´un oeil doux, point jaloux Regardent folâtrer la jeunesse ; Et les deux bons vieux perclus et cassés, Chevrotent à ceux qui passent enlacés :
Refrain : Le printemps chante dans les buissons. Tout vous enchante, filles, garçons ! Quant à nous, notre voix tremblante A dit ses dernières chansons. Embrassez-vous, enfants, en la forêt prochaine !
Hélas ça vous quitt´ra avant que ça n´nous r´prenne ! Car, un beau jour, le coeur se lasse ; Le printemps passe !