Comme d´hab, il claque la portière, cash, j´ai trop les nerfs Comme d´hab, je râle alors ça monte le son du Pioneer Je plisse les paupières, passe la première,
Comme d´hab, ça craque, te casse bientôt le Hummer
Bord de mer, j´observe les hautes sphères Corps de rêve, roadsters, sortis de poster Des Golden boy, trop fiers, sourires colgate Crachent un bonheur trop net pour être honnête
Je vois les gosses faire, fumer les good year Pump up the Volume, ambiance poppers et valium Ça chasse la bimbo en Twingo A leur âge, ma vie c´était la guerre, à chaque niveau, des rivaux
Oublie ces minots, la corniche défile, ça tapine au prix fort Des narines ont pris gros, silicone et botox désignés au stylo
Les mères comme leurs filles veulent les formes de J Lo Là-bas une mignonne crie fort mais le monde l´ignore
Elle raccroche son phone, fond en larmes aussitôt Je vois d´ici le topo, quand il l´a su en cloque Son homme a fui, aujourd´hui il réclame leur minot La gorge déshydratée, encore une nuit bradée
Ça klaxonne derrière, tranquille on va tous y passer Mes potes collés au siège, direction le drive-in Des songes volés au ciel, « What´s Going on » de Marvin
De l´essence et on tourne dans la ville Confrontés aux visages de l´autre côté de la vie On se plait à rouler de l´autre côté de la vie On croise quelques rôdeurs, on se comprend, on navigue
Le beau temps puis l´orage d´un regard à l´autre, ça va vite L´espoir, la détresse, mais autour on gravite Des stops, des feux rouges, des clopes, des yeux rouges Nos rêves, nos souffrances, partent par le toit ouvrant
Enfoncé sur la banquette arrière Avec la tête posée sur la fenêtre
J´avance accroché à mes rêveries Certains sous la couette, rendent jaloux ceux qui taffent
Je vois ceux qui taillent, pousser les portes de la cafet J´aime ces visages, imaginer leurs vies Deviner sur les traits, la romance ou les plaies endurées Machinalement écris mon nom sur la vitre embuée
Placé au rang de ces choses, qui s´évaporent en fumée Comme ces yeux que je croise, qui reflètent haine, Passion, patience infinie Regarde cet homme, ses paupières incriminent les coups du sort
Le bilan d´une vie, qu´il qualifie d´insipide Accident sur son lieu de travail, le voilà invalide Plus de job, depuis sa femme a fait la valise La piaule est vendue pour solder les dettes
Et c´est tous les souvenirs joyeux, des mômes qui partent avec La pension, jamais vu, rien que des foutaises Du coup, c´est HLM pourri, rez-de-chaussée et boule Quies Debout à l´aube, quand dehors, ils secouent les poubelles
Aller rêvez là où les femmes se voilent en Courrège Les trottoirs de la ville défilent, décrivent des pistes
Où les vies se déguisent, s´embrassent et puis se déchirent Une latte sur mon artificiel Eden Ici viennent se faire mes vers coincés entre ciel et terre