C´est moi l´aveugle du pont-au-Change J´ai tout paumé dans ma sale vie Ah ! J´eus beau faire appel aux anges J´eus beau gueuler, c´était fini Oui, j´ai gueulé comme un tordu
Oui, j´ai gueulé, j´ peux bien vous l´ dire J´ vous ai maudits comme un damné J´ai tout renié dans mon délire
C´est moi qu´ je suis l´aveugle, l´aveugle du pont-au-Change C´est qu´ moi qui fais du bruit dans l´ couloir du métro Oh, c´est pas qu´ ça m´amuse de jouer dans c´te caveau Mais j´ suis là pour secouer les blasés du métro Et j´ m´en vais t´ les toucher, clac ! où qui s´attendent pas trop Quelque part sur la gauche où y a comme un grelot Qu´on trouve encore parfois quand il reste un sanglot
Un p´tit coup d´ valse ou de java C´est plus tellement ce qui réconforte Bien trop chialé sur ces airs-là A ranger dans les natures mortes Mais quand j´ suis seul, pour pas un rond Je m´ joue Bruant, c´est ça qu´emporte Rue Saint-Vincent, qu´ j´ ai vu dans l´ temple Du temps qu´ ma vue n´était pas morte
Faut dire que j´ suis aidé par ce sacré tuyau Ma musique, elle grelotte, et d´écho en écho Elle va t´ les chatouiller jusqu´au creux des boyaux Et puis, parfois, j´ sens bien, y en a un qui s´arrête Et y r´vient sur ses pas, c´est qu´ ça lui paraît chouette
Et pour moi, ces trucs-là c´est un peu une grande fête Et ça s´ met à tourner, à tourner dans ma tête
C´est moi l´aveugle du pont-au-Change J´ai tout paumé dans ma sale vie Ah ! J´eus beau faire appel aux anges J´eus beau gueuler, c´était fini Mais j´ me suis pris par les deux mains J´ai pardonné, quoi, faut bien vivre J´ me suis blotti dans mon p´tit coin Et j´ n´attends plus qu´on me délivre