Bathylle, dans la cour où glousse la volaille, Sur l´écuelle penché, souffle dans une paille ; L´eau savonneuse mousse et bouillonne à grand bruit, Et déborde. L´enfant qui s´épuise sans fruit
Sent venir à sa bouche une âcreté saline. Plus heureuse, une bulle à la fin se dessine, Et, conduite avec art, s´allonge, se distend Et s´arrondit enfin en un globe éclatant. L´enfant souffle toujours ; elle s´accroît encore : Elle a les cent couleurs du prisme et de l´aurore, Et reflète aux parois de son mince cristal Les arbres, la maison, la route et le cheval. Prête à se détacher, merveilleuse, elle brille ! L´enfant retient son souffle, et voici qu´elle oscille, Et monte doucement, vert pâle et rose clair, Comme un frêle prodige étincelant dans l´air ! Elle monte Et soudain, l´âme encore éblouie, Bathylle cherche en vain sa gloire évanouie