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💃🎤 Paroles de chanson Française et Internationnales
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L´air est trois fois léger. Sous le ciel trois fois pur, Le vieux bourg qui s´effrite en ses noires murailles Ce clair matin d´hiver sourit sous ses pierrailles À ses monts familiers qui rêvent dans l´azur Une dalle encastrée, en son latin obscur, Parle après deux mille ans d´antiques funérailles. César passait ici pour gagner ses batailles, Un oiseau du printemps chante sur le vieux mur Bruissante sous l´ombre en dentelle d´un arbre, La fontaine sculptée en sa vasque de marbre Fait briller au soleil quatre filets d´argent. Et pendant qu´à travers la marmaille accourue La diligence jaune entre dans la grand´rue, La tour du signador jette l´heure en songeant. II L´horloger, pâle et fin, travaille avec douceur ; Vagues, le seuil béant, somnolent les boutiques ; Et d´un trottoir à l´autre ainsi qu´aux temps antiques Les saluts du matin échangent leur candeur. Panonceaux du notaire et plaque du docteur À la fontaine un gars fait boire ses bourriques ; Et vers le catéchisme en files symétriques Des petits enfants vont, conduits par une soeur. Un rayon de soleil dardé comme une flèche Fait tout à coup chanter une voix claire et fraîche Dans la ruelle obscure ainsi qu´un corridor. De la montagne il sort des ruisselets en foule, Et partout c´est un bruit d´eau vive qui s´écoule De l´aube au front d´argent jusqu´au soir aux yeux d´or. III Le ciel rouge et doré par degrés a pâli ; Les oliviers d´argent frémissent ; l´herbe ondule ; Rose au front, la montagne à sa base accumule De grands blocs transparents de lapis-lazuli. C´est le retour des champs une étoile a frémi. Dans l´air une douceur de Bethléem circule. L´homme est à pied ; la femme assise sur la mule Berce sous son manteau son enfant endormi. Et partout, sur le front portant en équilibre Des mannes où l´odeur des violettes vibre, Par la grand´route grise et par les sentiers bruns, Des femmes, que l´instant et leur marche rend belles, Passent avec lenteur en laissant derrière elles Le divin crépuscule empli de longs parfums. IV Voici les vieux métiers : le cuir, le fer, le bois, La chanson d´établi dans les copeaux éclose ; Le marteau sur l´enclume, et le fer chaud qu´on pose, Et cet osier qui court flexible entre les doigts. Ah ! Vivre ici pareil au ciel changeant des mois ! La ville a pour ceinture un clair jardin de roses Ah ! Vivre ici parmi l´innocence des choses, Près de la bonne terre, et loin des tristes lois. Ô songe d’une vie heureuse et monotone ! Bon pain quotidien ; lait pur ; conscience bonne ; Simplicité des coeurs levés avant le jour… Oui, mais qui sait, hélas ! Peut-être quels mystères Même ici, trame, aux nuits d’orage et d’adultères, Ce vieux couple éternel, l’avarice et l’amour ?