Ton Souvenir est comme un livre bien aimé, Qu´on lit sans cesse, et qui jamais n´est refermé, Un livre où l´on vit mieux sa vie, et qui vous hante
D´un rêve nostalgique, où l´âme se tourmente.
Je voudrais, convoitant l´impossible en mes voeux, Enfermer dans un vers l´odeur de tes cheveux ; Ciseler avec l´art patient des orfèvres Une phrase infléchie au contour de tes lèvres ;
Emprisonner ce trouble et ces ondes d´émoi Qu´en tombant de ton âme, un mot propage en moi ; Dire quelle mer chante en vagues d´élégie Au golfe de tes seins où je me réfugie ; Dire, oh surtout ! tes yeux doux et tièdes parfois Comme une après-midi d´automne dans les bois ; De l´heure la plus chère enchâsser la relique,
Et, sur le piano, tel soir mélancolique, Ressusciter l´écho presque religieux D´un ancien baiser attardé sur tes yeux.