Dans le train qui me ramène en urgence à la maison, je repense à ton pommier, à son écorce blanchie. Au cidre amer.
Puis je l´imagine tel qu´on me l´a décrit ce matin. Couché, mort dans l´herbe rase, noir, sec et racorni. Abattu pour I´exemple. Les pommiers ne sont pas faits pour qu´on s´y pende. J´imagine la longue branche qui ressemblait à un bras d´ogre, celle qui me faisait peur. Je l´imagine tronçonnée, débitée en bûches. Le regard dans la nature qui glisse comme sur des rails, j´imagine celle des bûches, celle qui portait le garrot. Un garrot sur un bras d´ogre. Les pommiers ne sont pas faits
pour qu´on s´y pende. Dans le train qui me ramène en urgence à la maison, je repense à l´arbre et toi. Une question me martèle. Lequel de vous deux s´est pendu à l´autre?