💃🎤 Paroles de chanson Française et Internationnales 🎤💃

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Artiste : Alfred De Musset
Titre : Conseils à une parisienne
Oui, si j´étais femme, aimable et jolie,
Je voudrais, Julie,
Faire comme vous ;
Sans peur ni pitié, sans choix ni mystère,
A toute la terre

Faire les yeux doux.

Je voudrais n´avoir de soucis au monde
Que ma taille ronde,
Mes chiffons chéris,
Et de pied en cap être la poupée
La mieux équipée
De Rome à Paris.

Je voudrais garder pour toute science
Cette insouciance
Qui vous va si bien ;
Joindre, comme vous, à l´étourderie
Cette rêverie
Qui ne pense à rien.

Je voudrais pour moi qu´il fût toujours fête,
Et tourner la tête,

Aux plus orgueilleux ;
Être en même temps de glace et de flamme,
La haine dans l´âme,
L´amour dans les yeux.

Je détesterais, avant toute chose,
Ces vieux teints de rose
Qui font peur à voir.
Je rayonnerais, sous ma tresse brune,
Comme un clair de lune
En capuchon noir.

Car c´est si charmant et c´est si commode,
Ce masque à la mode,
Cet air de langueur !
Ah ! que la pâleur est d´un bel usage !
Jamais le visage
N´est trop loin du coeur.

Je voudrais encore avoir vos caprices,
Vos soupirs novices,
Vos regards savants.
Je voudrais enfin, tant mon coeur vous aime,
Être en tout vous-même
Pour deux ou trois ans.

Il est un seul point, je vous le confesse,
Où votre sagesse
Me semble en défaut.
Vous n´osez pas être assez inhumaine.
Votre orgueil vous gêne ;
Pourtant il en faut.

Je ne voudrais pas, à la contredanse,
Sans quelque prudence
Livrer mon bras nu ;

Puis, au cotillon, laisser ma main blanche
Traîner sur la manche
Du premier venu.

Si mon fin corset, si souple et si juste,
D´un bras trop robuste
Se sentait serré,
J´aurais, je l´avoue, une peur mortelle
Qu´un bout de dentelle
N´en fût déchiré.

Chacun, en valsant, vient sur votre épaule
Réciter son rôle
D´amoureux transi ;
Ma beauté, du moins, sinon ma pensée,
Serait offensée
D´être aimée ainsi.

Je ne voudrais pas, si j´étais Julie,
N´être que jolie
Avec ma beauté.
Jusqu´au bout des doigts je serais duchesse.
Comme ma richesse,
J´aurais ma fierté.

Voyez-vous, ma chère, au siècle où nous sommes,
La plupart des hommes
Sont très inconstants.
Sur deux amoureux pleins d´un zèle extrême,
La moitié vous aime
Pour passer le temps.

Quand on est coquette, il faut être sage.
L´oiseau de passage
Qui vole à plein coeur

Ne dort pas en l´air comme une hirondelle,
Et peut, d´un coup d´aile,
Briser une fleur.