J’suis croque mort j’en ai ma claque Je croque la vie quand j’ai le temps Mais l’temps s’enfuit évidemment J’suis bien placé pour en parler Vu qu’ceux que je descends les pieds devant
Pourraient bien témoigner qu’la vie s’en va à pleines poignées Aujourd’hui c’est un collègue qu’il faut qu’je file aux saintetés À qui ça doit faire drôle de t’nir la pelle du mauvais côté Laissez-moi vous raconter l’histoire d’obsèques qu’ont mal tourné Il vaut mieux s’tourner sept fois dans sa tombe avant d’ressusciter Le mort était vivant et le vivant a oublié de tourner Fallait-il que la faucheuse, se fâche et veuille effacer toute trace Fallait-il que les fadas fadés aux frontières s’acharnent et finissent le travail J’suis passeur depuis que j’ai dû enterrer Un homme sans nom et sans chaussettes
Qu’avait personne pour le pleurer J’suis passeur je planque des gens dans des cercueils Pour les passer en Angleterre Depuis qu’y a plus de centre d’accueil Depuis je veux à ma manière Pouvoir aider les « non-cachetés » A échapper aux ministères Y’a deux jours je suis tombé Sur un pauvre qu’avait passé beaucoup trop d’ temps Dans toutes les sortes d’obscurité Il suffoque, il respire mal dans ce plein chêne Le noir d’la boîte grignote sa tête Il n’en peut plus même si il sait que si il bouge C’est à coup d’pompes qu’on l’renverra Dans son pays, calé aux fers
Il cherche la lumière Et voir même un peu d’air Il cherche la lumière Au pays de Voltaire Le couvercle s’est levé Mon collègue flippé, a oublié de tourner Le couvercle s’est levé Le prétexte funèbre a fini dans le fossé Elle s’marre, la mort, elle s’marre, l’heure de mon collègue a sonné Puis, elle attend dans l’ombre que les condés, viennent sceller le sort au ressuscité Entre la vie et la mort, entre deux contrées, c’est à l’ordre de trancher Alors, on lui cloue l’bec, la boîte par la même occasion Parce que l’ouvrir supposerait beaucoup trop d’questions
Tu dois, sortir du monde s’en prendre part aux conversations Les tours de ronde te tiennent loin des discussions Sur l’embarcadère, avec plus rien à terre...