Ca te vient, ça t´arrive, cent clébards dans la tête Une locomotive, un barrage qui pète Ca te sort d´une graine et ça devient un tronc Et les branches d´un chêne qui t´éclatent le front
C´est jouir à l´inverse, c´est un ciel à sanglots Et son grelon qui perce les parois de la peau C´est pleurer à l´envers, le pétard de la peine L´orgasme de la haine. C´est s´entr´aimer quand même La colère
C´est un piano qui cogne dans l´orchestre des veines Ce pipeau dont l´haleine sent mille saxophones C´est la sueur de décembre, mourir en italique Vouloir nouer ensemble la Manche et l´Atlantique C´est une épée tendue à la barbe des cons Une fleur de passion aux pétales pointus C´est le jour moins le jour, c´est un accouchement Sans l´aube d´un enfant, les mâchoires de l´amour
La colère
C´est les yeux qui s´effritent et le poing qui se blesse Au tranchant des caresses, au baiser de la vitre "Patron, une dernière, à la santé du diable !" Et je casse mon verre sur le bord de la table C´est un rire qui balance sous le ciel des gibets Et son sexe bandé en haut de la potence C´est le cœur éclaté mais c´est mieux que se taire De pouvoir la chanter, comme hurler de colère Sa colère
C´est l´anus du Vésuve dessous ma casserole Un fleuve de pétrole où navigue l´étuve La langue qui s´embrase, la salive qui brûle Et le ventre qui hurle pour attiser les phrases
Cette vague de braises au bûcher de la mer Cette écume incendiaire qui lèche la falaise C´est un feu de chevaux lancés au cœur des champs Et le vent qui reprend l´odeur de leurs sabots La colère
C´est sauter à deux pieds sur l´édredon des ronces La rage qui défonce les portes enfoncées C´est l´opéra du cri, l´orage de tes bras C´est cracher du lilas à la gueule des orties C´est un hymne de fou, c´est l´étincelle noire Qui porte à la victoire l´agneau contre le loup Un baiser en dedans à l´amitié complice Qui mord à pleine dents le cul de l´injustice La colère