On avait un seul pull pour deux, Un  grand pull-over d´amoureux, Chacun un bras pour une manche Et chacun l´autre sur la  hanche... Au  dÊbut⌠il  serrait un  peu...
Impatients, on guettait l´hiver. L´ÊtÊ, des glaçons plein nos verres, On  tuait, comme on  dit, le beau  temps En  tricotant  de temps en temps Des  petits, petits, pull-overs...
Puis, le temps a lâchĂŠ ses mailles, Et quand on ne fut plus de taille, Pique-assiettes et pique-cĹurs Sont venus, soudain, en squatteurs, Habiter sous notre chandail!...
Alors, la flotte s´y est mise, Jusqu´à la chair de nos chemises... Le pull est devenu trop grand, On a dÊmontÊ quelques rangs Pour mieux ficeler nos valises. Tellement, il est tombÊ d´eau
Sur le toit de notre tricot, On a fini par y nagerâŚ
L´amour, c´est ce drôle de berger Qui tond la laine sur le dos!... Un coup de pluie, un coup de fer, Un coup d´endroit, un coup d´envers, Et de cafard, et de couteau, Nous voilà chacun sur le dos Une moitiÊ de pull-over!...
L´amour... Ah! La belle crapule! Qui fait mine d´offrir un pull, Puis rembobine sa pelote à mesure que le tricotent Les aiguilles de sa pendule!...
On avait un seul pull pour deux,
Un  grand pull-over d´amoureux... On avait un seul pull pour deux, Un  grand pull-over d´amoureux!...