💃🎤 Paroles de chanson Française et Internationnales 🎤💃

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Artiste : Alphonse De Lamartine
Titre : Invocation pour les grecs
N´es-tu plus le Dieu des armées ?
N´es-tu plus le Dieu des combats ?
Ils périssent, Seigneur, si tu ne réponds pas !
L´ombre du cimeterre est déjà sur leurs pas !

Aux livides lueurs des cités enflammées,
Vois-tu ces bandes désarmées,
Ces enfants, ces vieillards, ces vierges alarmées ?
Ils flottent au hasard de l´outrage au trépas,
Ils regardent la mer, ils te tendent les bras ;
N´es-tu plus le Dieu des armées ?
N´es-tu plus le Dieu des combats ?

Jadis tu te levais ! tes tribus palpitantes
Criaient : Seigneur ! Seigneur ! ou jamais, ou demain !
Tu sortais tout armé, tu combattais ! soudain
L´Assyrien frappé tombait sans voir la main,
D´un souffle de ta peur tu balayais ses tentes,
Ses ossements blanchis nous traçaient le chemin !
Où sont-ils ? où sont-ils ces sublimes spectacles

Qu´ont vus les flots de Gad et les monts de Séirs ?
Eh quoi ! la terre a des martyrs,
Et le ciel n´a plus de miracles ?
Cependant tout un peuple a crié : Sauve-moi ;
Nous tombons en ton nom, nous périssons pour toi !

Les monts l´ont entendu ! les échos de l´Attique
De caverne en caverne ont répété ses cris,
Athène a tressailli sous sa poussière antique,
Sparte les a roulés de débris en débris !
Les mers l´ont entendu! les vagues sur leurs plages,
Les vaisseaux qui passaient, les mâts l´ont entendu !
Le lion sur l´OEta, l´aigle au sein des nuages ;

Et toi seul, à mon Dieu! tu n´as pas répondu !

Ils t´ont prié, Seigneur, de la nuit à l´aurore,
Sous tous les noms divins où l´univers t´adore ;
Ils ont brisé pour toi leurs dieux, ces dieux mortels,
Ils ont pétri, Seigneur, avec l´eau des collines,
La poudre des tombeaux, les cendres des ruines,
Pour te fabriquer des autels !

Des autels à Délos ! des autels sur Egine !
Des autels à Platée, à Leuctre, à Marathon !
Des autels sur la grève où pleure Salamine !
Des autels sur le cap où méditait Platon !

Les prêtres ont conduit le long de leurs rivages
Des femmes, des vieillards qui t´invoquaient en choeurs,
Des enfants jetant des fleurs
Devant les saintes images,
Et des veuves en deuil qui cachaient leurs visages
Dans leurs mains pleines de pleurs !

Le bois de leurs vaisseaux, leurs rochers, leurs murailles,
Les ont livrés vivants à leurs persécuteurs,
Leurs têtes ont roulé sous les pieds des vainqueurs,
Comme des boulets morts sur les champs de batailles ;
Les bourreaux ont plongé la main dans leurs entrailles ;

Mais ni le fer brûlant, Seigneur, ni les tenailles,
N´ont pu t´arracher de leurs coeurs!

Et que disent, Seigneur, ces nations armées
Contre ce nom sacré que tu ne venges pas :
Tu n´es plus le Dieu des armées !
Tu n´es plus le Dieu des combats !