💃🎤 Paroles de chanson Française et Internationnales 🎤💃

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Artiste : Alphonse De Lamartine
Titre : L´idée de Dieu suite de Jehova
Heureux l´oeil éclairé de ce jour sans nuage
Qui partout ici-bas le contemple et le lit !
Heureux le coeur épris de cette grande image,
Toujours vide et trompé si Dieu ne le remplit !

Ah ! pour celui-là seul la nature est son ombre !
En vain le temps se voile et reculent les cieux !
Le ciel n´a point d´abîme et le temps point de nombre
Qui le cache à ces yeux !

Pour qui ne l´y voit pas tout est nuit et mystères,
Cet alphabet de jeu dans le ciel répandu
Est semblable pour eux à ces vains caractères
Dont le sens, s´ils en ont, dans les temps s´est perdu !

Le savant sous ses mains les retourne et les brise
Et dit : Ce n´est qu´un jeu d´un art capricieux ;

Et cent fois en tombant ces lettres qu´il méprise
D´elles-même ont écrit le nom mystérieux!

Mais cette langue, en vain par les temps égarée,
Se lit hier comme aujourd´hui;
Car elle n´a qu´un nom sous sa lettre sacrée,
Lui seul! lui partout! toujours lui !

Qu´il est doux pour l´âme qui pense
Et flotte dans l´immensité
Entre le doute et l´espérance,
La lumière et l´obscurité,
De voir cette idée éternelle
Luire sans cesse au-dessus d´elle
Comme une étoile aux feux constants,
La consoler sous ses nuages,

Et lui montrer les deux rivages
Blanchis de l´écume du temps !

En vain les vagues des années
Roulent dans leur flux et reflux
Les croyances abandonnées
Et les empires révolus
En vain l´opinion qui lutte
Dans son triomphe ou dans sa chute
Entraîne un monde à son déclin ;
Elle brille sur sa ruine,
Et l´histoire qu´elle illumine
Ravit son mystère au destin !

Elle est la science du sage,
Elle est la foi de la vertu !
Le soutien du faible, et le gage
Pour qui le juste a combattu !

En elle la vie a son juge
Et l´infortune son refuge,
Et la douleur se réjouit.
Unique clef du grand mystère,
Otez cette idée à la terre
Et la raison s´évanouit !

Cependant le monde, qu´oublie
L´âme absorbée en son auteur,
Accuse sa foi de folie
Et lui reproche son bonheur,
Pareil à l´oiseau des ténèbres
Qui, charmé des lueurs funèbres,
Reproche à l´oiseau du matin
De croire au jour qui vient d´éclore
Et de planer devant l´aurore
Enivré du rayon divin!

Mais qu´importe à l´âme qu´inonde
Ce jour que rien ne peut voiler !
Elle laisse rouler le monde
Sans l´entendre et sans s´y mêler !
Telle une perle de rosée
Que fait jaillir l´onde brisée
Sur des rochers retentissants,
Y sèche pure et virginale,
Et seule dans les cieux s´exhale
Avec la lumière et l´encens !