💃🎤 Paroles de chanson Française et Internationnales 🎤💃

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Artiste : Alphonse De Lamartine
Titre : La prière
Le roi brillant du jour, se couchant dans sa gloire,
Descend avec lenteur de son char de victoire.
Le nuage éclatant qui le cache à nos yeux
Conserve en sillons d´or sa trace dans les cieux,

Et d´un reflet de pourpre inonde l´étendue.
Comme une lampe d´or, dans l´azur suspendue,
La lune se balance aux bords de l´horizon ;
Ses rayons affaiblis dorment sur le gazon,
Et le voile des nuits sur les monts se déplie :
C´est l´heure où la nature, un moment recueillie,
Entre la nuit qui tombe et le jour qui s´enfuit,
S´élève au Créateur du jour et de la nuit,
Et semble offrir à Dieu, dans son brillant langage,
De la création le magnifique hommage.
Voilà le sacrifice immense, universel !
L´univers est le temple, et la terre est l´autel ;
Les cieux en sont le dôme : et ces astres sans nombre,
Ces feux demi-voilés, pâle ornement de l´ombre,

Dans la voûte d´azur avec ordre semés,
Sont les sacrés flambeaux pour ce temple allumés :
Et ces nuages purs qu´un jour mourant colore,
Et qu´un souffle léger, du couchant à l´aurore,
Dans les plaines de l´air, repliant mollement,
Roule en flocons de pourpre aux bords du firmament,
Sont les flots de l´encens qui monte et s´évapore
Jusqu´au trône du Dieu que la nature adore.
Mais ce temple est sans voix. Où sont les saints concerts ?
D´où s´élèvera l´hymne au roi de l´univers ?
Tout se tait : mon coeur seul parle dans ce silence.
La voix de l´univers, c´est mon intelligence.

Sur les rayons du soir, sur les ailes du vent,
Elle s´élève à Dieu comme un parfum vivant ;
Et, donnant un langage à toute créature,
Prête pour l´adorer mon âme à la nature.
Seul, invoquant ici son regard paternel,
Je remplis le désert du nom de I´Eternel ;
Et celui qui, du sein de sa gloire infinie,
Des sphères qu´il ordonne écoute l´harmonie,
Ecoute aussi la voix de mon humble raison,
Qui contemple sa gloire et murmure son nom.
Salut, principe et fin de toi-même et du monde,
Toi qui rends d´un regard l´immensité féconde ;
Ame de l´univers, Dieu, père, créateur,
Sous tous ces noms divers je crois en toi, Seigneur ;
Et, sans avoir besoin d´entendre ta parole,
Je lis au front des cieux mon glorieux symbole.

L´étendue à mes yeux révèle ta grandeur,
La terre ta bonté, les astres ta splendeur.
Tu t´es produit toi-même en ton brillant ouvrage ;
L´univers tout entier réfléchit ton image,
Et mon âme à son tour réfléchit l´univers.
Ma pensée, embrassant tes attributs divers,
Partout autour de soi te découvre et t´adore,
Se contemple soi-même et t´y découvre encore
Ainsi l´astre du jour éclate dans les cieux,
Se réfléchit dans l´onde et se peint à mes yeux.
C´est peu de croire en toi, bonté, beauté suprême ;
Je te cherche partout, j´aspire à toi, je t´aime ;
Mon âme est un rayon de lumière et d´amour
Qui, du foyer divin, détaché pour un jour,

De désirs dévorants loin de toi consumée,
Brûle de remonter à sa source enflammée.
Je respire, je sens, je pense, j´aime en toi.
Ce monde qui te cache est transparent pour moi ;
C´est toi que je découvre au fond de la nature,
C´est toi que je bénis dans toute créature.
Pour m´approcher de toi, j´ai fui dans ces déserts ;
Là, quand l´aube, agitant son voile dans les airs,
Entr´ouvre l´horizon qu´un jour naissant colore,
Et sème sur les monts les perles de l´aurore,
Pour moi c´est ton regard qui, du divin séjour,
S´entr´ouvre sur le monde et lui répand le jour :
Quand l´astre à son midi, suspendant sa carrière,
M´inonde de chaleur, de vie et de lumière,

Dans ses puissants rayons, qui raniment mes sens,
Seigneur, c´est ta vertu, ton souffle que je sens ;
Et quand la nuit, guidant son cortège d´étoiles,
Sur le monde endormi jette ses sombres voiles,
Seul, au sein du désert et de l´obscurité,
Méditant de la nuit la douce majesté,
Enveloppé de calme, et d´ombre, et de silence,
Mon âme, de plus près, adore ta présence ;
D´un jour intérieur je me sens éclairer,
Et j´entends une voix qui me dit d´espérer.
Oui, j´espère, Seigneur, en ta magnificence :
Partout à pleines mains prodiguant l´existence,
Tu n´auras pas borné le nombre de mes jours
A ces jours d´ici-bas, si troublés et si courts.

Je te vois en tous lieux conserver et produire ;
Celui qui peut créer dédaigne de détruire.
Témoin de ta puissance et sûr de ta bonté
J´attends le jour sans fin de l´immortalité.
La mort m´entoure en vain de ses ombres funèbres,
Ma raison voit le jour à travers ces ténèbres.
C´est le dernier degré qui m´approche de toi,
C´est le voile qui tombe entre ta face et moi.
Hâte pour moi, Seigneur, ce moment que j´implore ;
Ou, si, dans tes secrets tu le retiens encore,
Entends du haut du ciel le cri de mes besoins ;
L´atome et l´univers sont l´objet de tes soins,
Des dons de ta bonté soutiens mon indigence,
Nourris mon corps de pain, mon âme d´espérance ;
Réchauffe d´un regard de tes yeux tout-puissants

Mon esprit éclipsé par l´ombre de mes sens
Et, comme le soleil aspire la rosée,
Dans ton sein, à jamais, absorbe ma pensée.