💃🎤 Paroles de chanson Française et Internationnales 🎤💃

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Artiste : Alphonse De Lamartine
Titre : La semaine Sainte à la Roche-Guyon
Ici viennent mourir les derniers bruits du monde
Nautoniers sans étoile, abordez ! c´est le port :
Ici l´âme se plonge en une paix profonde,
Et cette paix n´est pas la mort.

Ici jamais le ciel n´est orageux ni sombre ;
Un jour égal et pur y repose les yeux.
C´est ce vivant soleil, dont le soleil est l´ombre,
Qui le répand du haut des cieux.

Comme un homme éveillé longtemps avant l´aurore
Jeunes, nous avons fui dans cet heureux séjour,
Notre rêve est fini, le vôtre dure encore ;
Eveillez-vous ! voilà le jour.

Coeurs tendres, approchez ! Ici l´on aime encore ;
Mais l´amour, épuré, s´allume sur l´autel.
Tout ce qu´il a d´humain, à ce feu s´évapore ;
Tout ce qui reste est immortel !

La prière qui veille en ces saintes demeures
De l´astre matinal nous annonce le cours ;
Et, conduisant pour nous le char pieux des heures,
Remplit et mesure nos jours.

L´airain religieux s´éveille avec l´aurore. ;
Il mêle notre hommage à la voix des zéphyrs,
Et les airs, ébranlés sous le marteau sonore,
Prennent l´accent de nos soupirs.

Dans le creux du rocher, sous une voûte obscure,
S´élève un simple autel : roi du ciel, est-ce toi ?
Oui, contraint par l´amour, le Dieu de la nature
Y descend, visible à la foi.

Que ma raison se taise, et que mon coeur adore !
La croix à mes regards révèle un nouveau jour ;
Aux pieds d´un Dieu mourant, puis-je douter encore ?
Non, l´amour m´explique l´amour !

Tous ces fronts prosternés, ce feu qui les embrase,
Ces parfums, ces soupirs s´exhalant du saint lieu,
Ces élans enflammés, ces larmes de l´extase,
Tout me répond que c´est un Dieu.

Favoris du Seigneur, souffrez qu´à votre exemple,
Ainsi qu´un mendiant aux portes d´un palais,
J´adore aussi de loin, sur le seuil de son temple,

Le Dieu qui vous donne la paix.

Ah ! laissez-moi mêler mon hymne à vos louanges !
Que mon encens souillé monte avec votre encens.
Jadis les fils de l´homme aux saints concerts des anges
Ne mêlaient-ils pas leurs accents !

Du nombre des vivants chaque aurore m´efface,
Je suis rempli de jours, de douleurs, de remords.
Sous le portique obscur venez marquer ma place,
Ici, près du séjour des morts !

Souffrez qu´un étranger veille auprès de leur cendre,
Brûlant sur un cercueil comme ces saints flambeaux;

La mort m´a tout ravi, la mort doit tout me rendre;
J´attends le réveil des tombeaux !

Ah ! puissé-je près d´eux, au gré de mon envie,
A l´ombre de l´autel, et non loin de ce port,
Seul, achever ainsi les restes de ma vie
Entre l´espérance et la mort !