Que me fait le coteau, le toit, la vigne aride ? Que me ferait le ciel, si le ciel était vide ? Je ne vois en ces lieux que ceux qui n´y sont pas ! Pourquoi ramènes-tu mes regrets sur leur trace ?
Des bonheurs disparus se rappeler la place, C´est rouvrir des cercueils pour revoir des trépas !
Le mur est gris, la tuile est rousse, L´hiver a rongé le ciment ; Des pierres disjointes la mousse Verdit l´humide fondement ; Les gouttières, que rien n´essuie, Laissent, en rigoles de suie, S´égoutter le ciel pluvieux, Traçant sur la vide demeure Ces noirs sillons par où l´on pleure, Que les veuves ont sous les yeux ;
La porte où file l´araignée, Qui n´entend plus le doux accueil, Reste immobile et dédaignée
Et ne tourne plus sur son seuil ; Les volets que le moineau souille, Détachés de leurs gonds de rouille, Battent nuit et jour le granit ; Les vitraux brisés par les grêles Livrent aux vieilles hirondelles Un libre passage à leur nid !
Leur gazouillement sur les dalles Couvertes de duvets flottants Est la seule voix de ces salles Pleines des silences du temps. De la solitaire demeure Une ombre lourde d´heure en heure Se détache sur le gazon ; Et cette ombre, couchée et morte, Est la seule chose qui sorte Tout le jour de cette maison !