Quand le souffle divin qui flotte sur le monde S´arrête sur mon âme ouverte au moindre vent, Et la fait tout à coup frissonner comme une onde Où le cygne s´abat dans un cercle mouvant !
Quand mon regard se plonge au rayonnant abîme, Où luisent ces trésors du riche firmament, Ces perles de la nuit que son souffle ranime, Des sentiers du Seigneur innombrable ornement !
Quand d´un ciel de printemps l´aurore qui ruisselle Se brise et rejaillit en gerbes de chaleur, Que chaque atome d´air roule son étincelle, Et que tout sous mes pas devient lumière ou fleur !
Quand tout chante ou gazouille, ou roucoule ou bourdonne, Que d´immortalité tout semble se nourrir, Et que l´homme, ébloui de cet air qui rayonne, Croit qu´un jour si vivant ne pourra plus mourir !
Quand je roule en mon sein mille pensers sublimes, Et que mon faible esprit, ne pouvant les porter, S´arrête en frissonnant sur les derniers abîmes, Et, faute d´un appui, va s´y précipiter!
Quand, dans le ciel d´amour où mon âme est ravie, je presse sur mon coeur un fantôme adoré, Et que je cherche en vain des paroles de vie Pour l´embraser du feu dont je suis dévoré !
Quand je sens qu´un soupir de mon âme oppressée Pourrait créer un monde en son brûlant essor, Que ma vie userait le temps, que ma pensée
En remplissant le ciel déborderait encor !
Jéhova ! Jéhova ! ton nom seul me soulage! Il est le seul écho qui réponde à mon coeur! Ou plutôt ces élans, ces transports, sans langage, Sont eux-mêmes un écho de ta propre grandeur!
Tu ne dors pas souvent dans mon sein, nom sublime ! Tu ne dors pas souvent sur mes lèvres de feu : Mais chaque impression t´y trouve et t´y ranime, Et le cri de mon âme est toujours toi, mon Dieu !