đđ€ Paroles de chanson Française et Internationnales đ€đ
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Titre : Le golfe de Baya
Vois-tu comme le flot paisible
Sur le rivage vient mourir !
Vois-tu le volage zéphyr
Rider, dâune haleine insensible,
Lâonde quâil aime Ă parcourir !
Montons sur la barque légÚre
Que ma main guide sans efforts,
Et de ce golfe solitaire
Rasons timidement les bords.
Loin de nous déjà fuit la rive.
Tandis que dâune main craintive
Tu tiens le docile aviron,
Courbé sur la rame bruyante
Au sein de lâonde frĂ©missante
Je trace un rapide sillon.
Dieu ! quelle fraĂźcheur on respire !
Plongé dans le sein de Thétis,
Le soleil a cĂ©dĂ© lâempire
A la pĂąle reine des nuits.
Le sein des fleurs demi-fermées
Sâouvre, et de vapeurs embaumĂ©es
En ce moment remplit les airs ;
Et du soir la brise légÚre
Des plus doux parfums de la terre
A son tour embaume les mers.
Quels chants sur ces flots retentissent ?
Quels chants éclatent sur ces bords ?
De ces deux concerts qui sâunissent
LâĂ©cho prolonge les accords.
Nâosant se fier aux Ă©toiles,
Le pĂȘcheur, repliant ses voiles,
Salue, en chantant, son séjour.
Tandis quâune folle jeunesse
Pousse au ciel des cris dâallĂ©gresse,
Et fĂȘte son heureux retour.
Mais dĂ©jĂ lâombre plus Ă©paisse
Tombe, et brunit les vastes mers ;
Le bord sâefface, le bruit cesse,
Le silence occupe les airs.
Câest lâheure oĂč la mĂ©lancolie
Sâassoit pensive et recueillie
Aux bords silencieux des mers,
Et, méditant sur les ruines,
Contemple au penchant des collines
Ce palais, ces temples déserts.
O de la liberté vieille et sainte patrie !
Terre autrefois féconde en sublimes vertus !
Sous dâindignes CĂ©sars maintenant asservie,
Ton empire est tombé ! tes héros ne sont plus !
Mais dans ton sein lâĂąme agrandie
Croit sur leurs monuments respirer leur génie,
Comme on respire encor dans un temple aboli
La majesté du dieu dont il était rempli.
Mais nâinterrogeons pas vos cendres gĂ©nĂ©reuses,
Vieux Romains ! fiers Catons ! mĂąnes des deux Brutus !
Allons redemander Ă ces murs abattus
Des souvenirs plus doux, des ombres plus heureuses,
Horace, dans ce frais séjour,
Dans une retraite embellie
Par le plaisir et le génie,
Fuyait les pompes de la cour ;
Properce y visitait Cinthie,
Et sous les regards de Délie
Tibulle y modulait les soupirs de lâamour.
Plus loin, voici lâasile oĂč vint chanter le Tasse,
Quand, victime à la fois du génie et du sort,
Errant dans lâunivers, sans refuge et sans port,
La pitié recueillit son illustre disgrùce.
Non loin des mĂȘmes bords, plus tard il vint mourir ;
La gloire lâappelait, il arrive, il succombe :
La palme qui lâattend devant lui semble fuir,
Et son laurier tardif nâombrage que sa tombe.
Colline de Baya ! poétique séjour !
Voluptueux vallon quâhabita tour Ă tour
Tout ce qui fut grand dans le monde,
Tu ne retentis plus de gloire ni dâamour.
Pas une voix qui me réponde,
Que le bruit plaintif de cette onde,
Ou lâĂ©cho rĂ©veillĂ© des dĂ©bris dâalentour !
Ainsi tout change, ainsi tout passe ;
Ainsi nous-mĂȘmes nous passons,
Hélas ! sans laisser plus de trace
Que cette barque oĂč nous glissons
Sur cette mer oĂč tout sâefface.