💃🎤 Paroles de chanson Française et Internationnales 🎤💃

 A   B   C   D   E   F   G   H   I   J   K   L   M   N   O   P   Q   R   S   T   U   V   W   X   Y   Z   0   1   2   3   4   5   6   7   8   9 
Artiste : Alphonse De Lamartine
Titre : Ode sur la naissance du Duc de Bordeaux
Versez du sang ! frappez encore !
Plus vous retranchez ses rameaux,
Plus le tronc sacré voit éclore
Ses rejetons toujours nouveaux !
Est-ce un dieu qui trompe le crime ?

Toujours d´une auguste victime
Le sang est fertile en vengeur !
Toujours échappé d´Athalie
Quelque enfant que le fer oublie
Grandit à l´ombre du Seigneur !

Il est né l´enfant du miracle !
Héritier du sang d´un martyr,
Il est né d´un tardif oracle,
Il est né d´un dernier soupir !
Aux accents du bronze qui tonne
La France s´éveille et s´étonne
Du fruit que la mort a porté!
Jeux du sort ! merveilles divines !
Ainsi fleurit sur des ruines
Un lis que l´orage a planté.

Il vient, quand les peuples victimes

Du sommeil de leurs conducteurs,
Errent aux penchants des abîmes
Comme des troupeaux sans pasteurs !
Entre un passé qui s´évapore,
Vers un avenir qu´il ignore,
L´homme nage dans un chaos !
Le doute égare sa boussole,
Le monde attend une parole,
La terre a besoin d´un héros !

Courage ! c´est ainsi qu´ils naissent !
C´est ainsi que dans sa bonté
Un dieu les sème ! Ils apparaissent
Sur des jours de stérilité !
Ainsi, dans une sainte attente,
Quand des pasteurs la troupe errante
Parlait d´un Moïse nouveau,
De la nuit déchirant le voile,

Une mystérieuse étoile
Les conduisit vers un berceau !

Sacré berceau ! frêle espérance
Qu´ une mère tient dans ses bras !
Déjà tu rassures la France,
Les miracles ne trompent pas !
Confiante dans son délire,
A ce berceau déjà ma lyre
Ouvre un avenir triomphant;
Et, comme ces rois de l´Aurore,
Un instinct que mon âme ignore
Me fait adorer un enfant !

Comme l´orphelin de Pergame,
Il verra près de son berceau
Un roi, des princes, une femme,
Pleurer aussi sur un tombeau !

Bercé sur le sein de sa mère,
S´il vient à demander son père,
Il verra se baisser leurs yeux !
Et cette veuve inconsolée,
En lui cachant le mausolée,
Du doigt lui montrera les cieux !

Jeté sur le déclin des âges,
Il verra l´empire sans fin,
Sorti de glorieux orages,
Frémir encor de son déclin.
Mais son glaive aux champs de victoire
Nous rappellera la mémoire
Des destins promis à Clovis,
Tant que le tronçon d´une épée,
D´un rayon de gloire frappée,
Brillerait aux mains de ses fils !

Sourd aux leçons efféminées
Dont le siècle aime à les nourrir,
Il saura que les destinées
Font roi, pour régner ou mourir ;
Que des vieux héros de sa race
Le premier titre fut l´audace,
Et le premier trône un pavois,
Et qu´en vain l´humanité crie
Le sang versé pour la patrie
Est toujours la pourpre des rois !

Tremblant à la voix de l´histoire,
Ce juge vivant des humains,
Français ! il saura que la gloire
Tient deux flambeaux entre ses mains
L´un, d´une sanglante lumière
Sillonne l´horrible carrière
Des peuples par le crime heureux ;

Semblable aux torches des furies
Que jadis les fameux impies
Sur leurs pas traînaient après eux !

L´autre, du sombre oubli des âges.
Tombeau des peuples et des rois.
Ne sauve que les siècles sages,
Et les légitimes exploits :
Ses clartés immenses et pures,
Traversant les races futures,
Vont s´unir au jour éternel ;
Pareil à ces feux pacifiques,
Ô Vesta ! que des mains pudiques
Entretenaient sur ton autel !

Il saura qu’aux jours où nous sommes,
Pour vieillir au trône des rois,
Il faut montrer aux yeux des hommes

Ses vertus auprès de ses droits ;
Qu’assis à ce degré suprême,
Il faut s’y défendre soi-même,
Comme les dieux sur leurs autels ;
Rappeler en tout leur image,
Et faire adorer le nuage
Qui les sépare des mortels !

Au pied du trône séculaire
Où s’assied un autre Nestor,
De la tempête populaire
Le flot calmé murmure encor !
Ce juste, que le ciel contemple,
Lui montrera par son exemple
Comment, sur les écueils jeté,
On élève sur le rivage,
Avec les débris du naufrage,
Un temple à l’immortalité !

Ainsi s’expliquaient sur ma lyre
Les destins présents à mes yeux ;
Et tout secondait mon délire,
Et sur la terre, et dans les cieux !
Le doux regard de l’espérance
Eclairait le deuil de la France :
Comme, après une longue nuit,
Sortant d’un berceau de ténèbres,
L’aube efface les pas funèbres
De l’ombre obscure qui s’enfuit.