💃🎤 Paroles de chanson Française et Internationnales 🎤💃
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Titre : Thrène
C´est un soir d´octobre, à Beg-Meil.
Par les marches de l´étendue,
Rouges encor d´un sang vermeil,
La nuit pieuse est descendue
Pour ensevelir le soleil.
De ses mains ferventes et pures,
Elle a couché l´astre vital
Dans les somptueuses guipures
Du grand linceul occidental,
Et voici qu´au gouffre atlantique
Où le mort splendide a sombré
L´Océan roule son cantique,
Son immense Dies irae.
Les étoiles, une par une,
Piquent leurs cierges dans le ciel
Et, blanche Antigone, la lune
S´incline au tombeau fraternel.
Sur sa tristesse sidérale
Flottent, en crêpes d´argent clair,
Des pans de brume d´où s´exhale
Comme un goût de larmes dans l´air
***
O lune, immortelle pleureuse,
A ton deuil cosmique, ce soir,
Permets qu´une âme douloureuse
Mêle son humble désespoir.
Laisse-moi croire, pour une heure,
Que tu l´as peut-être entendu,
Mon cri d´atome humain qui pleure
L´être unique à jamais perdu.
Que de fois, que de fois, ô lune,
Nous avons, Elle et moi, peureux,
En ce même repli de dune,
Tremblé du crime d´être heureux !
Que de fois, sur ces mêmes sables,
Nous avons frissonné soudain
De sentir nos coeurs périssables
Frôlés par l´aile du destin !
Alors vers toi notre prière
Montait ; et ton regard en nous
Distillait, avec sa lumière,
Son dictame apaisant et doux.
***
O lune qui nous fus amie
En ces temps, hélas ! révolus,
La vie en qui j´avais ma vie,
Celle qui m´était tout n´est plus.
Coeur solitaire, corps sans âme,
Réduit à regretter sans fin
Ce qu´une tendresse de femme
Peut contenir de plus divin,
Je viens m´enivrer de ma peine,
Aux lieux qu´entre tous Elle élut,
Et leur offrir ma plainte vaine
Comme un triste et dernier salut.
***
A Beg-Meil, par un soir d´automne,
Fut composé ce thrène amer
Le long de la grève bretonne
Où, de Vorlenn à Toul-ar-Stêr,
Sonne le sanglot de la mer.