C´était un danseur de tango, Il était mince, il était beau. Son vrai prénom c´était Julot, Mais on l´appelait Antonio. Dans toutes les boîtes de nuit,
Quand les dancings battaient leur plein, Et smoking et souliers vernis, Il répétait jusqu´au matin :
Refrain :
Voulez-vous, Madame, Avec Antonio, Qui vous le réclame, Danser un tango ? Vraiment sur mon âme De grand hidalgo. Vous êtes, Madame, Plus légère qu´un oiseau. Votre doux parfum me grise Vos yeux m´ont conquis. J´ai la sensation exquise D´être au Paradis.
Mais sur une gamme Le tango finit. Vous pouvez Madame Me glisser cinq ou dix louis. Merci
Un´ riche étrangère, un beau jour Perdit la tête entre ses bras Et l´emmena, folle d´amour, Faire un tour sur la Rivièra. Mais quand il faut au Casino, D´vant les tables de baccara, Il choisit celle où l´on joue gros, Et poliment lui demanda :
Refrain : Voulez-vous, Madame, Avec Antonio, Qui vous le réclame,
Faire un p´tit banco ? Ca c´est un coup d´veine, Vous avez gagné N´prenez pas la peine Je me charge d´encaisser. Retournez encor´ les cartes Cett´ fois c´est perdu. Excusez, il faut que j´parte Je suis attendu. Demain soir, j´éspère, Vous revoir ici . Mais maint´nant, ma chère, J´vous dis au-r´voir et merci. Merci
Après un mois de ce jeu-là Quand ell´ revint seule à Paris Son compte en banque était à plat, C´lui d´Antonio s´était rempli.
Comme entraîneuse ell´ s´engagea, Et dès l´premier soir à minuit, Un client très chic s´approcha, Et tout en s´inclinant lui dit :
Refrain : Voulez-vous, Madame, Avec Antonio, Qui vous réclame, Danser un tango ? Ce n´est pas un blâme, Mais je n´comprends pas, Comment, chèr´ Madame, Vous en êt´s arrivée là ? Vous aviez pour être heureuse, Bien plus qu´il n´en faut, Mais vous êtes trop joueuse C´est un grand défaut !
Vous pouvez me croire Fait´s comm´ Antonio Trouvez une poire Et r´tournez au Casino !