Titre : Il faudra bien pourtant que le jour vienne, un jour
Il faudra bien pourtant que le jour vienne, un jour, Où je ne pourrai plus t´aimer, Où mon coeur sera dur, mon esprit sombre et sourd,
Ma main froide et mes yeux fermés !
Cet inutile effort pour ne pas te quitter, Ce vain espoir de vivre encor, L´horreur de déserter ma place à ton côté, C´est cela, rien d´autre, la mort!
Ce n´est plus cette angoisse et ce scandale altier. De sombrer dans un noir séjour, De ne plus se sentir robuste et de moitié Dans tous les mouvements du jour!
Ce n´est plus ce regret et ce décent orgueil D´adresser aux cieux constellés L´adieu méditatif et stupéfait d´un oeil Qui fut à leurs astres mêlé,
- Mais n´être plus, parmi les humains inconnus, Qui vont chacun à leur labeur, La main forte et fidèle où tes doigts ont tenu, Le sein où s´est posé ton coeur;
N´être plus le secret qui dit : C´est moi qui prends Ce qui te tourmente et te nuit; N´être plus ce désir anxieux et souffrant Qui songe à ton sommeil, la nuit;
N´être plus ce brasier, qui tient ses feux couverts, Dont parfois tu n´as pas besoin ! Hais qui saurait t´offrir un brûlant univers, Si tes voeux réclamaient ce soin.
N´avoir plus, - ayant tout acquis et possédé,
- Cette tâche, modeste enfin, De pouvoir, sans emphase, être prête à t´aider Quand ton esprit a soif et faim,
Voilà ce qui m´effraie et comble de douleur Une âme à présent sans fierté. Car j´ai vraiment rendu de suffisants honneurs Aux cieux inhumains de l´été !