L´orgueil est l´ennemi constant De l´amour et de ses largesses; Fort comme la vie, il attend Que l´on retourne à sa noblesse.
Il veille sur tout l´abandon, Sur tout le divin esclavage; Il n´accorde pas son pardon Au clair flamboiement des visages,
- Aux visages lavés de pleurs, À ces larmes froides et rondes Qui ne sont pas de la douleur, Mais l´éblouissement du monde!
- Certes, il est dur de quitter Cet orgueil prudent, fort et triste, Qui, repoussant la volupté, Fait croire à l´âme qu´elle existe;
Mais à cause de cet effort Par qui tout l´être se surmonte, Par ce consentement de mort,
Il est beau d´accepter la honte.
- Je voudrais ne plus rien tenir Que de ton affable puissance, Ne respirer, ne me nourrir Qu´au doux gré de ta complaisance.
Qu´il serait bon, ce dénuement, Au coeur royal que l´on détrône, Et qui vécut trop fièrement! - Être sans pain, sans vêtement, Et dans un tendre abaissement En recevoir de toi l´aumône