Titre : Ne souffre pas; tu vois, je suis pourtant moi-même
Ne souffre pas; tu vois, je suis pourtant moi-même, Malgré les multiples aspects. Tu cherchais le repos ? Peut-être que tu m´aimes Pour cette absence de ta paix !
Concevais-tu vraiment que le bonheur existe ? Que l´on donne un ordre au destin ? N´avais-tu donc jamais, d´un oeil lucide et triste, Vu le lent retour des matins ?
Dans l´immense ouragan où combattent les choses, Poursuivais-tu d´autres loisirs Que ces instants secrets où le désir compose Un baume d´âme et de plaisir?
- L´amour n´est pas un don qui rend plaisante et stable, La vie aux sursauts coutumiers; Il fait mieux mesurer l´immensité des sables, Le puits distant sous les palmiers !
Les travaux des humains, comme ceux des abeilles, Vaquent aux soins de la cité, Mais tout l´effort profond ne rêve et ne conseille Que l´apaisante volupté;
C´est elle la chétive et complète patrie Dont l´être est sans cesse exilé; Acceptons que le sort protège et contrarie Un voeu toujours renouvelé !
Acceptons que demain, comme aujourd´hui, demeure Un jour d´espoir et de chagrin; Il est beau de goûter le plaisir souverain Dans l´étroit calice d´une heure !
Je refuse de croire à des jours aplanis Où pour nous deux l´injuste chance
Arrêterait soudain, dans le temps infini, L´oscillement de ses balances.
Certes j´eusse voulu charger d´un gai bonheur Ma méditative caresse, Mais peut-être ai-je mieux apparenté nos coeurs Si je t´ai donné la tristesse