Tu as ta force, j´ai ma ruse ; Ta force est d´être ce que j´aime, Elle est dans ta faiblesse même. - Mais parfois mon instinct plaintif Écoute d´un coeur attentif
Ma passion pour toi qui s´use.
Tu ne peux t´en douter, sachant Qu´on n´épuise jamais mon âme, Tu n´entends pas mon secret blâme, Ni ce léger chant triomphant D´une ardeur que le temps entame. Tu restes calme et confiant.
- Mais moi, épiant ma détresse, Je perçois jusqu´au battement Plus délicat de mon ivresse; Je goûte, - lourde et sans tourment, - Une consolante paresse.
- Ah ! si je pouvais oublier Ces instants courts, rares, extrêmes, Où, mes doigts à tes bras liés,
Je poursuis en ton coeur pillé Je ne sais quel plus pur moi-même,
Je déferais mon coeur du tien, Et, recouvrant mon amplitude, J´irais vers cette solitude En qui tout être m´appartient!