Mon petit, le monde brûle Et dans ta vie minuscule Tu te croyais à l´abri Tu ne l´es plus aujourd´hui Pardon de t´avoir fait naître
Mais je voulais te connaître Avant la foudre et le feu Est-ce donc que d´être deux Nous rendra moins vulnérables Sous le déluge implacable ? Nous pourrons nous tenir chaud Quand la mort viendra d´en haut
Tu bois la peur avec mon lait J´aurais voulu, mon agnelet, Te donner des prairies Pour qu´un jour tu souries
Mon petit, mon espérance, Voici qu´on t´a fait violence Et qu´on t´a sorti de moi Sans attendre tes neuf mois Je te vois dans ta couveuse
Et au lieu d´en être heureuse J´espère, le cœur tremblant, Que tu vives assez longtemps Pour me reprocher ce geste Et si tout en moi proteste Je voulais te faire beau Tant qu´il nous reste de l´eau
Tu bois la peur avec mon lait J´aurais voulu, mon agnelet, Te donner des prairies Pour qu´un jour tu souries
Mon petit, quel est ce monde Où des sirènes répondent Aux premiers cris d´un enfant Etonné d´être vivant ? Déjà sur ta peau si tendre
Je vois se poser des cendres Qui demain nous couvrirons Qui sait même où nous serons ? Si à la mort je t´arrache Il faudra que tu le saches Qu´on se soucie peu de nous Et que les hommes sont fous
Tu bois la peur avec mon lait J´aurais voulu, mon agnelet, Te donner des prairies Pour qu´un jour tu souries