Y en a qui voudraient que je porte Une oriflamme ou un couteau Que je crie et que je m´emporte Mais faudrait qu´ils se lèvent tôt Il y a quinze ans et des poussières
Peut-être je leur aurais plu J´ai pleuré pour ma vie entière Maintenant je ne pleure plus
Oui, mais moi, quand j´avais quinze ans Quand on me parlait de justice J´entrevoyais un précipice Et puis je pleurais tant et tant Quand on me disait "Liberté" Je mordais mon poing et ma peine Alors, tu vois, c´est pas de veine Il me semble que j´ai changé
Y en a qui voudraient que je chante Des grands sujets, des grandes machines Mais pour la chanson méritante J´ai pas le souffle et pas l´entrain Quand on en a pris plein la gueule
On hésite à recommencer J´aime mieux me chanter toute seule Ma petite chanson dégagée
Et maintenant que me voilà Quand on me parle de courage Je manque m´étrangler de rage Mais je ne pleure plus, tu vois Je crois bien même que je ris Mais c´est un rire qui me brûle Et peu à peu la joie recule Pauvre de moi, que j´ai vieilli !
Ils croient donc qu´avec des paroles On peut changer le genre humain Ils pensent que je suis bien folle D´aimer ceux que j´ai sous la main Si je sais rien faire d´autre
Qu´aimer, aimer et le chanter Pourquoi faire le bon apôtre En faisant semblant de penser ?
J´avais quinze ans et j´en pleurais Mais j´ai grandi, et c´est bien triste Tu vois pourtant, rien ne résiste Je ne pleurerai plus jamais Mais j´oublierai, mais j´oublierai Jusqu´aux anciennes meurtrissures Et tu verras, et j´en suis sûre C´est à ce prix que je vivrai