Dans la ville de Sèvres À deux pas de Saint-Cloud, Vivait un homme mièvre Et plus qu´à moitié fou Nanti d´un bec de lièvre
Et louchant des genoux, Il aimait une chèvre Et vivait près d´un chou
Retenez bien surtout Il dorlotait la chèvre Il arrosait le chou
Notre homme plein de fièvre Espérait garder tout Mais de la coupe aux lèvres Il y a un sacré bout Et bien qu´il fût orfèvre En matière de mots doux S´il caressait la chèvre Il irritait le chou
Retenez bien surtout
Qu´en choisissant la chèvre Il n´aurait plus le chou
Quand il surprit un lièvre À grignoter le chou Le voilà bien qui crève Et qui devient jaloux Se saoulant au genièvre Il fut pris de dégoût Il renvoya la chèvre Et fit cuire le chou
Retenez bien surtout Que fière était la chèvre Et rancunier le chou
Or, son repas l´achève Il se sent caoutchouc
Il a le cœur qui lève Il souffre de remous Et dans les rues de Sèvres Il hurle comme un fou "Reviens, reviens la chèvre Je n´aime plus le chou !"
Retenez bien surtout Que libre était la chèvre Et digéré le chou
"Adieu" lui dit la chèvre "Je n´ai plus de licou Tu as choisi ta fièvre Et je te plains beaucoup" Ayant perdu la chèvre Ayant mangé le chou Se jeta dans la Bièvre
Une pierre à son cou
Retenez bien surtout Vous qui aimez une chèvre Oubliez tous les choux
Si ma chanson est brève N´en ayez point courroux C´est que des rimes en -èvre Il n´y en a pas beaucoup Que vous soyez la chèvre Que vous soyez le chou Ne passez pas par Sèvres Encore moins par Saint-Cloud
Retenez bien surtout Pour qui aime une chèvre Il n´y a pas de choux