Quand j´ai eu mon permis tout neuf Du premier coup, c´est pas du bluff, J´ai compris qu´ j´avais intérêt A rester aux aguets Que simplement, on m´imagine
Dans ma deux-chevaux d´origine Affrontant mon premier trottoir Le cœur rempli d´espoir Je voulais que ma manœuvre Fût un vrai petit chef d´œuvre Mais je n´entendais que trop Tous les clients d´un bistrot Me beugler leurs commentaires "Mais passe-la, ta marche arrière ! Ah, j´vous jure, ah les nanas Heureus´ment qu´on est là !" Ces abrutis pleins de Pernod Ils m´ont fait rater mon créneau
Toutes les automobilistes Pourraient faire avec moi la liste Des âneries que l´on entend Quand on est au volant
J´ai donc appris à leur répondre Et de manière à les confondre Oui, ça consomme mais moins qu´un mari Et c´est bien plus gentil La conduite, je l´ai apprise Pas dans une pochette-surprise La voiture, elle est à moi Ni à Jules, ni à papa Et quand le long d´un trottoir Je les voyais goguenards Je demandais sans un frisson "Vous voulez une leçon ?" Pour conjurer la parano J´suis d´venue la reine du créneau
On s´habitue, on en rigole Puis on a une grosse bagnole Alors on se fait insulter
"Elle t´a pas trop coûté, hein ?" Ils sont là qui vous collent aux fesses Parce que c´est pas une gonzesse Qui va leur barrer le chemin La veille, c´est pas demain Mais tous ces doubleurs à droite Ces pousse-toi d´là que j´déboite Maniaques de l´appel de phares Abuseurs d´anti-brouillard Ceux chez qui rien ne distingue Le volant d´avec un flingue Avant que de les laisser Nous jeter dans l´fossé Résistons à ces tyranneaux Nous sommes les reines du créneau
S´ils nous renvoient à nos fourneaux Ne lâchons pas notre créneau