C´est pourtant vrai qu´elle est belle, mais on ne le dit pas. Sa beauté n´est pas de celles qui font vendre des bas. Elle est comme un beau navire
entoilée largement. Au moins, quand elle chavire, c´est qu´il y a du vent. On la dit pourtant sereine, ronde Madeleine, ronde, ronde Madeleine, ronde qui n´est pas en peine, et qui voudrait dire au monde que les rondes abondent, qu´il en est qui désespèrent d´être jamais linéaires et que la révolte gronde chez les rondes, les rondes.
Elle a incurvé sa vie autour de sa rondeur, elle s´habille de rires et de robes à fleurs. A la mode elle résiste
et met ce qui lui plaît. Pourquoi s´habiller de triste quand on a le cœur gai? Ce n´est pas ça qui la gêne, ronde Madeleine, ronde, ronde Madeleine, ronde qui n´est pas en peine, et qui voudrait deux secondes que le monde réponde, qu´enfin on écoute celles qui ne sont pas irréelles, et que souffle un vent de fronde chez les rondes, les rondes.
Quand elle se met à table, c´est pour mieux partager le plaisir irremplaçable de se savoir aimée. Elle cueille la tendresse
et la donne à manger. Dans un monde qui vous blesse il faut se protéger. C´est le bonheur qui la mène, ronde Madeleine, ronde, ronde Madeleine, ronde qui n´est pas en peine et qui voudrait que les rondes dévergondent le monde, qu´on veuille enfin reconnaître qu´on a le droit d´apparaître dans sa nature profonde, même les rondes, les rondes.
Je ne crois pas qu´elle ignore tous les mauvais plaisants, tous ceux qui se déshonorent en propos méprisants. Non, mais elle a mieux à faire:
une vie c´est si court. Faut la vivre tout entière et sans faire un détour. Elle aura rempli la sienne, ronde Madeleine, ronde, ronde Madeleine, ronde qui n´est pas en peine, et qui voudrait que les rondes refondent le mondes puis qu’enfin, ça se devine elles sont à l´origine, et que même la terre est ronde, elle est ronde, elle est ronde. (x2)