Nous avons un problème d´eau dans le sous-sol lyonnais, et si nous creusons des souterrains trop hauts ils coûtent trop chers, par conséquent ils faudraient qu´ils soient plus bas qu´celui d´Paris, et plus large...
Anto Bukowski, Lucio Serra... Pour vous, notre ville c´est une découverte, pour nous c´est du déjà vu Un sale sky de douze ans d´âge, un breuvage qu´on a déjà bu Là où dans tous les quartiers, des p´tites canailles charbonnent La canicule d´l´été fait fondre le glacier de Nardone Ma ville, tu la trouves bonne, mais en faisant plus ample connaissance Tu t´aperçois qu´c´est l´indigente, dénuée d´reconnaissance Elle s´endimanche comme une pute, et elle te traitera de la sorte Racolant au confluent du Rhône et de la Saône Ma ville engloutit tout, tous s´en vont dans son puits sans fond
Les vivants y rodent et trop nombreux demeurent sans ronds Mais peu s´en font, veulent le fric comme un caïd rital Pourquoi crois tu qu´pour réussir, ils prennent d´assaut la capitale ? Ma ville te plante la plante des pieds, jardin des plantes sans pétales Mais certainement pas sans épine, qu´elle multiplie mais sans les tables Ma ville s´essouffle et souffre d´un souffle au cœur sans égal Dissimulant ses morts au fin fond de ses dédales Notre ville, un imaginaire où durant quatre saisons j´hiberne Patrie de déracinés, mauvaises herbes et dieux s´y perdent L´air froid d´une reine et les apparats d´une fille de joie
Dissimule ses quartiers populaires sous des fils de soie Ma ville déçoit, plein d´vide de sens Comme une envie d´descendre un pack de six cul-sec Naissance d´un squat dans un p´tit square d´Cusset Traîne sans un centime, de Saint-Pri´ à Paul Santy Cogne entre mes tripes tandis que cœurs et morceaux d´heures s´empilent [Ma ville : ma vie, ma vile manie m´anime, m´a dit :] "Fuis d´ici avant qu´la rime t´abîme" C´est juste des plats dès qu´la réalité ramène au sol La où chaque mur porte une cicatrice aérosol Notre ville antique, entartrée, anthracite
Ma ville une lourde cuite qui nous laisse le ventre acide Elle a la tronche du condamné fumant sa dernière cigarette L´élégance de Joyce et la triste fin de Syd Barrett Ma ville c´est un mélange de skate, de rap et d´aéro´ Là où chaque jour, j´ai une grande pensée pour Zaïro Ma ville c´est un mystère, d´la fiction on est tout près Y´a des scènes tellement étranges qu´au montage on les couperait Notre ville c´est un couperet, aux milles façades bien aiguisées Un vagabond ronflant sur un banc histoire de dégriser
Ma ville : une hémorragie, une petite plaie qu´on croit drôle Sale comme une orgie est ma cité des Trois Gaules Notre ville : un Cocyte, laissant fous et damnés en sang Le dur visage du réel massacrera tes rêves d´enfants Ma ville, c´est une fille perdue aux mamelons trop courbés Bien plus proche d´une poutrone que Madelon d´Laurent Mourguet Notre ville s´effondrera sur elle-même comme Jéricho Les prophètes sont pas causants, des ruelles aux comicos Le braquage et la praline : nos spécialités locales
Une belle lame en silex s´enfonçant dans tes cordes vocales En 80, tête d´affiche en France Première aux JT quand Vaulx et Vénissieux entraient en transe Notre ville : une folie féline, animalerie à ciel ouvert Vient s´élever, repousser le vent des stars aux souliers de vair Notre ville : un ciné muet entre Keaton et faits divers J´te parle d´notre ville, là où tous les frères n´sont pas qu´des lumières Ma ville une vulgaire piquette, du Côte-Rôtie pour Gnafron Un nauséeux tourniquet à la sortie des mâchons Ma ville c´est un guignol gauche dissimulant un facho
Là où les mecs ont des facultés même sans bachot Ma ville se décante que dans les rêves à force d´insomnie Le toxico des pentes cherche éperdument sa Virginie Ma ville est une vicieuse, une pleurnicheuse sans mouchoir Une économique capricieuse, une souterraine sans bougeoir Ma ville a plus de mille façons d´faire renoncer un samouraï Ma ville une petite amourette, pour ses beaux yeux, on s’amourache Ma ville elle a quelque chose fendu au fond de son regard Un gros caillou à la place du cœur et l´air hagard
Deux collines comme une belle poitrine se soulevant sur l´abîme Adorée comme une déesse, car après tout, c´est notre ville