Âpre cité du vent! Ce vagabond de la planèze désertique T´aime d´un vieil amour farouche et décevant O guerrière qui meurt sur ton roc basaltique
Depuis les sombres soirs jusqu´au soleil levant Il rôde aux carrefours, ton amant fantastique N´entends-tu pas claquer, lorsqu´il va s´énervant Aux angles de tes murs, son manteau frénétique?
N´entends-tu pas sa voix brutale et ses sanglots Et sa plainte pareille à la plainte des flots? Ah ! C´est qu´il t´a connue au temps où tu fus belle Et dans le plein orgueil de ton rude destin Lui qui ne vieillit pas, s´afflige à ton déclin; Le Vent pleure à jamais ta gloire, ô Citadelle! Puisqu´on l´oublie, eh bien ! Je la dirai, ta gloire Sentinelle perdue, indomptable cité
Vingt sièges, cent assauts jalonnent ton histoire Ce miracle d´auvergnate ténacité Anglais sournois, routiers surgis par les nuits noires Bandits, barons pillards, huguenots révoltés
T´ont forgé, maille à maille, un collier de victoires Non, pas une défaite, et pas de lâchetés! Ton air salubre était irrespirable aux traîtres Tu gardais pur le sang des Celtes, tes ancêtres;
Nul ne te prit jamais de force, que le vent! Comme un lac montagnard qu´emplit l´eau des orages La coupe de tes murs débordait de courages Je te salue, âpre Cité du Vent!