Les rupins i´s s´en vont, l´été, Aux bains d´mer, chacun d´leur côté, Pour respirer en liberté Et r´prendre haleine. Moi j´peux pas m´payer les bains d´ mer :
Pour mes six ronds, j´prends l´chemin d´ fer Et j´vas respirer un bol d´air Au bois d´Vincennes.
On n´y voit guèr´ de mac´ au sac; Y a quéqu´s rentiers, autour du lac, Qui promèn´nt leur mal d´estomac Et leur bedaine ; Mais quand arriv´ la bell´ saison, Y a des ouveriers, à foison, Qui vient s´les caler, su´ l´gazon, Au bois d´Vincennes.
Aussi l´soir, quand i´s sont partis, On trouv´ des cous d´poulets rôtis, Des restes d´desserts assortis Et d´porcelaine ; Des boît´s à sardin´s, des litrons
Vid´ ou cassés, des bouts d´citrons, Des p´tits jornals et des étrons Au bois d´Vincennes.
Puis à travers les trognons d´chou On voit des grands canonniers roux Et des tout petits tourlouroux Qu´ont rien d´la veine, Car, avec des airs triomphants, I´ vont, avec les bonn´s d´enfants, Dans les p´tits coins, s´asseoir dedans, Au bois d´Vincennes.
Une heure après, sous les massifs, C´est les purotins des fortifs Qui s´gliss´, avec des airs craintifs, Dans la garenne, Les pauvres gueux sans feu, ni lieu,
Qui trouv´nt de quoi s´faire un bon pieu, Sous l´œil caressant du bon Dieu, Au bois d´Vincennes.